La rencontre au sommet entre le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne commence à porter ses fruits avec, notamment, les mesures immédiates d'allégement en Cisjordanie. Apparemment, les responsables israéliens ont fini par comprendre que l'atmosphère de détresse et le blocus ne peuvent que pousser les Palestiniens à la lutte armée ou au radicalisme. Toutefois, les gestes israéliens n'entrent pas uniquement dans ce cadre, ils constituent beaucoup plus un soutien au président de l'Autorité palestinienne dans le bras de fer qui l'oppose au Hamas. En effet, il ne faut pas être un grand clerc pour comprendre que l'Etat hébreu s'attelle à renforcer Mahmoud Abbas afin qu'il puisse, avec son mouvement le Fatah, reprendre les commandes du gouvernement palestinien. Cela confirme les déclarations faites, dimanche dernier, par le Premier ministre israélien, dans lesquelles il affirmait qu'“il y a parmi les Palestiniens des éléments modérés qui affirment s'opposer au terrorisme et aux attentats. À leur tête se trouve Abou Mazen : nous sommes ennemis, mais il est possible de conclure un accord de paix avec lui”. Dans cette optique, Amir Peretz, le ministre israélien de la Défense, a annoncé, hier, des mesures d'allégements “immédiates” pour les Palestiniens de Cisjordanie. “Nous avons préparé un plan applicable immédiatement, qui consiste à faciliter la circulation et les mouvements des Palestiniens et à augmenter le nombre de Palestiniens autorisés à travailler en Israël”, a déclaré Amir Peretz à la presse, à l'issue d'une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. Il a précisé qu'Israël allait “démanteler 59 barrages routiers en Cisjordanie en deux phases, d'abord 24, puis le reste”. Dans la foulée, le ministre israélien de la Défense a indiqué que des prisonniers palestiniens allaient être relâchés à l'occasion de la fête religieuse musulmane de l'Aïd-el-Adha et de Noël. “Chaque année, il y a des libérations de prisonniers à titre humanitaire pour l'Aïd-el-Adha et Noël”, a-t-il affirmé à la presse. Il ne manque pas de dire que ces gestes “humanitaires ne retarderont pas la libération de Gilad Shalit et j'espère au contraire qu'ils rapprocheront son échéance”. Donnant plus de détails, Peretz indique qu'“il s'agit de gestes humanitaires et de libérations cadrées qui créent une dynamique positive”, avant de préciser que “des représentants de l'administration pénitentiaire et du Shin Beth vont établir une liste de prisonniers libérables, surtout des femmes et des mineurs”. Ces mesures interviennent après l'approbation par le cabinet israélien du transfert de 100 millions de dollars au bureau de M. Abbas, prélevés sur environ un milliard de dollars gelé par Israël depuis que le Hamas a pris les commandes, en mars dernier, et perçus en taxes pour le compte de l'Autorité palestinienne sur des produits importés par les territoires de Cisjordanie et de Gaza. C'est dire que l'Etat hébreu semble changer de politique vis-à-vis des Palestiniens, à moins que cela n'obéisse à des considérations conjoncturelles, comme le laissent penser certains analystes de la scène proche-orientale. L'avenir nous renseignera, sans doutes, sur les véritables intentions israéliennes. K. ABDELKAMEL