Rien ne se perd en politique, devrait-on dire en conclusion du sommet palestino-israélien tenu hier à Charm El Cheikh en présence des chefs d'Etat égyptien et jordanien. Tout est question de temps et d'opportunité devraient dire alors le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne qui ont réussi à déterrer la feuille de route, ce plan de paix international élaboré en 1993 et qui prévoyait la création d'un Etat palestinien en l'an 2005. C'est-à-dire cette année. Dans la station balnéaire égyptienne qui a servi de cadre à beaucoup de rencontres de ce genre, Palestiniens et Israéliens ont donc convenu de déterrer ce plan sans dire si ses grandes lignes seront appliquées, car ce qui en est sorti, relève strictement des préalables ou ce que le plan en question considère comme des « mesures de confiance ». Et à cet égard, le leader palestinien Mahmoud Abbas a annoncé un accord avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon pour mettre fin aux violences. « Je suis tombé d'accord avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon pour mettre fin à tous les actes de violence contre les Israéliens et les Palestiniens où qu'ils soient », a déclaré M. Abbas. « Le calme que nos territoires connaitront à partir de ce jour signale le début d'une nouvelle ère, un début pour la paix et l'espoir », a ajouté le président de l'Autorité palestinienne. « Ce que nous avons annoncé aujourd'hui est l'application de la première clause de la feuille de route (..) et une étape essentielle nous offrant une occasion de remettre le processus de paix sur rails en redonnant aux deux peuples espoir et confiance en la possibilité de parvenir à la paix », a-t-il poursuivi. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a annoncé lui aussi la fin des opérations militaires israéliennes contre les Palestiniens. « Aujourd'hui, lors de ma rencontre avec M. Abbas, nous sommes tombés d'accord pour que les Palestiniens cessent tous les actes de violence contre les Israéliens partout et parallèlement, Israël cessera ses opérations militaires contre les Palestiniens partout », a déclaré M. Sharon. « Nous espérons qu'à partir d'aujourd'hui commence une nouvelle ère de calme et d'espoir », a ajouté M. Sharon. Il a indiqué avoir « accepté de transférer la responsabilité de secteurs palestiniens », en allusion à plusieurs villes de Cisjordanie où seront déployés des policiers palestiniens, comme cela fut le cas récemment dans la bande de Ghaza. « Nous avons informé M. Abbas de notre volonté de prendre des mesures pour établir la confiance. Dans peu de temps, Israël va libérer des centaines de prisonniers palestiniens », a poursuivi le Premier ministre israélien. Selon des responsables israéliens, 900 détenus sur les 8500 devraient être libérés, dont un premier contingent de 500 après le sommet et 400 autres dans les prochains mois. « Nous allons constituer une commission commune sur des critères pour examiner la remise en liberté des détenus à l'avenir », a précisé M. Sharon, en référence à une conférence commune dans les prochains jours pour établir des critères de remise en liberté des détenus. « Nous voulons mener un dialogue sincère et réel », a assuré M. Sharon, en soulignant sa « détermination à appliquer le plan de retrait de la bande de Ghaza » prévu cet été. « C'est une décision unilatérale. Mais si surviennent des changements réels et concrets du côté palestinien, ce plan peut servir de tremplin pour un processus coordonné et réussi », a dit le Premier ministre. Il a laissé entendre qu'il était prêt à associer les Palestiniens à cette opération. « Ce plan de séparation peut ouvrir la voie à l'application de la feuille de route vis-à-vis de laquelle nous sommes engagés et que nous voulons appliquer », a souligné M. Sharon. Tout devient relatif, car il ne s'agit pas encore de l'application de la feuille de route, un plan auquel Ariel Sharon a substitué son plan de retrait de Ghaza lequel n'offre pas la moindre garantie pour les Palestiniens.