Comme Hawas, personnage principal de son premier roman, un boulimique de lecture, Grine continue sa tournée dans les librairies de la capitale. Il était, jeudi dernier, à la librairie du Tiers-Monde où il a animé une séance dédicace. Auteur de plusieurs essais, dont Chronique d'une élection pas comme les autres, Comme des ombres furtives et Cueille le jour avant la nuit, Hamid Grine vient de signer son premier roman La dernière prière, paru aux éditions Alpha. Comme Hawas, personnage principal de son roman, un boulimique de lecture, Grine continue sa tournée dans les librairies de la capitale. Il était, jeudi dernier, à la librairie du Tiers-Monde où il a animé une séance dédicace. Alger baigne dans un beau soleil de printemps. La fièvre des jours de fête est à son paroxysme, emplettes de Aïd el-Adha et le réveillon 2007 obligent. À l'intérieur de la librairie, l'ambiance est tout autre. Les passionnés de lecture ont choisi de venir à la rencontre de Hamid Grine. Le nouveau romancier dit écrire pour les Algériens. Sur le desk qui lui est consacré, le libraire a disposé différents ouvrages de l'auteur : Chronique d'une élection pas comme les autres, Comme des ombres furtives et Cueille le jour avant la nuit. “Les gens sont curieux de connaître toute la bibliographie de l'auteur et achètent plus d'un titre”, confie le libraire. Accueillant et ouvert à la discussion, le romancier échange quelques mots avec les nombreux lecteurs venus spécialement pour lui. Le premier contact établi, la discussion s'engage de plus belle. De part et d'autre, on aborde ses coups de cœur littéraires. Boulimique de livres, le romancier est un fin conseiller en la matière. La preuve, ses livres, notamment La dernière prière, sont truffés de citations et de noms d'écrivains. “J'avoue que je suis boulimique de lecture. Vous avez là ce qui m'a nourri et m'a aidé à vivre et que je veux vraiment partager avec mes lecteurs. Grâce à mes livres, beaucoup de lecteurs ont acheté et lu un certain nombre d'écrivains très connus comme Senec”, avoue Grine entre deux dédicaces et un entretien pour la Radio nationale. La simplicité et la galanterie de l'homme nous encouragent à l'interrompre un moment pour en savoir plus sur Hawas et son monde de paradoxes. Et surtout sur les raisons qui ont poussé l'auteur à se lancer dans l'aventure romanesque, lui qui trouve que la vie est tellement riche qu'il se voyait mal écrire des romans. Mais peut-on s'enfermer dans un genre précis quand on est écrivain ? Hamid Grine est aujourd'hui convaincu du contraire. “Quand j'ai terminé l'essai Cueille le jour avant la nuit, qui s'est vendu à cinq mille exemplaires, un journaliste m'a dit Hamid il faut que tu te mettes au roman, mais j'ai dit non. Mais, un jour et sans le vouloir, je me retrouve à écrire La dernière prière, c'était quelque chose de miraculeux. Moi, qui suis d'habitude un passionné froid, dans la mesure où j'écris, je rigole, je parle à mes enfants ou à d'autres personnes quand j'écris, je me suis retrouvé dans une fièvre assez spéciale. Un état d'âme troublé et troublant”. L'état troublé de l'auteur se lit dans chaque ligne du livre, qui revisite une période très critique de l'histoire contemporaine de l'Algérie. Hawas est un personnage atypique, il aime les femmes, les plaisirs de la vie et par-dessus tout le Prophète et la prière. Il évolue dans une période trouble caractérisée par la montée de l'islamisme et la violence. Malgré les contradictions et les paradoxes qu'il nourrit, Hawas n'est pas schizophrène. Du moins Grine ne voit pas en lui un schizophrène. “S'il l'est, c'est que des millions d'Algériens le sont. Je dirai qu'il est ambigu et complexe. Il adore les femmes, à un moment spécial du jour, mais pas pour des raisons sentimentales, mais je dirai que pour une question d'équilibre tout simplement. Il adore surtout le Prophète et la prière. Comme tout le monde, il est parfois très courageux ou lâche. Mais, il reste quelqu'un de très équilibré en faisant sienne cette maxime de Senec La vérité a toujours un pied dans le camp d'en face, c'est ce qui a fait qu'il est apprécié aussi bien par les islamistes que les démocrates”. Conçu comme un scénario, La dernière prière est un livre très imagé qui ne manque pas d'intrigues, et où l'auteur raconte l'Algérie des années 1990 avec tout ce que cela suppose comme évènements. Hamid Grine reconnaît que cela peut être le résultat d'une déformation professionnelle dans la mesure où il a eu à occuper le poste de directeur de création d'une grande agence publicitaire à l'étranger. L'authenticité des évènements et la véracité des personnages traduisent l'ancrage de l'auteur dans la réalité de son pays. Sans parti pris, l'auteur, tout comme le personnage principal de son roman, est un adepte d'ordre et de discipline indispensables à tout développement et à tout progrès. Se bousculant pour féliciter l'écrivain pour ce premier roman, même si on a du mal à situer Hawas et ses contradictions, les amateurs de lecture saisiront aussi l'occasion pour remercier Grine pour les nombreux voyages qu'il leur offre à travers ses différents écrits sportifs et politiques. “Ce que vous nous offrez là est quelque chose de formidable”, dira une lectrice. Les plus curieux sauront que Grine a déjà deux nouvelles non éditées et qui ne seront dans les librairies que l'année prochaine avant 2008. Les nouvelles s'intitulent La nuit du henné, et c'est tiré de faits réels. C'est l'histoire d'une femme qui se réveille avec du henné sur les mains. “L'éditeur voulait les faire sortir pour le mois de mars prochain, mais je préfère que ça soit un livre chaque année”, conclut le romancier, qu'on espère voir changer d'avis. Wahiba Labreche