D'une librairie à une autre, Hawas est omniprésent sur les rayons. Hawas est un nom propre. En arabe, il donne, au sens péjoratif, un promeneur ou un baladeur. C'est quelqu'un qui aime voyager. Néanmoins, Hawas est un voyageur d'un autre genre. C'est quelqu'un qui voyage, et voyage bien dans les librairies. Il fait bien sa tournée dans les coins des librairies. Plus qu'un personnage, c'est une personne. Hawas est le principal héros du roman La Dernière prière de Hamed Grine. D'une librairie à une autre, Hawas est omniprésent sur les rayons des bibliothèques. Encore une fois, il s'est bien «promené» avant-hier soir à la librairie Art et Lettres au Val d'Hydra, à l'occasion d'une vente-dédicace organisée par l'auteur. Entouré de plusieurs écrivains, journalistes, amis et lecteurs, le romancier Hamid Grine a signé son dernier roman. C'était une rencontre conviviale avec les hommes de lettres et les amateurs de lecture. Parmi les écrivains présents, l'on peut citer l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, auteur de plusieurs ouvrages, également commissaire de «Alger, capitale de la culture arabe 2007», Kamel Bouchama en l'occurrence, Hamid Oussedik, Salah Chekirou. L'occasion était donc offerte aux lecteurs, présents à l'occasion, de s'approcher, une fois de plus, de l'auteur pour débattre ensemble sur Hawas. Cette séance intervient seulement après deux semaines de celle organisée à l'occasion du Salon du livre. Ayant pris connaissance de l'histoire, les lecteurs curieux voulaient connaître l'identité réelle du personnage du roman. Qui est, à l'origine, Hawas? Pourquoi le choix de ce nom? A ces questions, l'auteur explique qu'«il s'agit de l'histoire atypique d'un Algérien typique qui aime la vie au sens plus large du sens». Pour mieux le présenter, le personnage du roman est un homme qui a tous les défauts et également toutes les qualités! C'est quelqu'un à double casquette. Le jour, il donne l'impression d'un vrai païen, un vrai pèlerin, tandis que le soir, il se convertit en un vrai fidèle. Il aime tout et il fait tout. Il aime le Prophète (Qsssl), il fait la prière, il a peur de Dieu, mail il aime aussi les femmes, en sa qualité de dragueur de première classe. Pour bien le résumer, l'auteur dit: «Avant tout, sa première valeur est le grand amour qu'il voue à sa mère, à sa patrie, au Prophète et bien évidemment aux femmes.» C'est paradoxal! C'est «illogique»! C'est contradictoire! «Oui exactement». C'est hypocrite? «Non. Ce n'est pas cela», répond l'auteur à deux reprises. Alors quelle a été la réaction du public face à ce paradoxe? «Je pense que les lecteurs, algériens, se sont retrouvés dans l'histoire. Il est le miroir de la société qui est toujours ma source d'inspiration.» Dans les romans, soit on est de la gauche, démocrate et laïc, soit on est de la droite. Mais la nouvelle philosophie de Grine situe Hawas au milieu de ces deux courants. Il n'est ni l'un ni l'autre, c'est l'un et l'autre, c'est les deux à la fois! «Cette nouvelle philosophie nous aide à vivre. Elle nous sera utile même après la mort», déclare encore l'auteur. Il passe ainsi son message à travers lequel il véhicule l'image d'un Algérien cultivé, conscient, très bien instruit, généreux et toujours noble dans sa démarche. «Un Algérien du terroir» comme il aime le qualifier. En outre, l'auteur revient à travers son personnage sur les années de la tragédie nationale. Il présente cette décennie dans une autre assiette, outre celle que tout le monde a dans son esprit. Les larmes et le sang présentés sous forme d'espoir et d'ambitions et d'un avenir florissant. A cette occasion, l'auteur Kamel Bouchama a apporté son témoignage «sur le talent de mon ami Hamid». Et d'ajouter: «Il m'est très agréable de le retrouver aujourd'hui, ensemble dans un rendez-vous avec la littérature car il est un grand romancier. Il fait quelque chose de formidable.» De son côté, Hamid Oussedik a résumé Hawas comme «une expression de bon sens populaire. C'est l'Algérie multiculturelle, tolérante. L'Algérie de la diversité et de l'unité de l'espérance, c'est l'homme algérien pétri d'humanisme et de tolérance.» Le gérant de la librairie a confié de son côté: «Le roman est très demandé depuis, notamment, la vente-dédicace organisée au Salon du livre. Il est lu par toutes les classes, des anciens ministres, des cadres, des écrivains et des professeurs.» Enfin, on comprend bien que le personnage de Hamid Grine, décrit la vie d'un Algérien. «Si mon livre a été lu et apprécié par un Algérien, mon pari est gagné», a conclu l'auteur.