La vengeance n'est pas l'Etat. Celle du gouvernement Maliki ressemble de façon méprisable à une vendetta chiite contre un dirigeant sunnite qui a eu la main lourde contre ses propres affidés sunnites, mais également contre les Kurdes ou les Koweitiens. Pinochet est mort dans son lit. Milosevic d'une crise cardiaque dans sa cellule, Saddam Hussein n'aura pas eu la chance de ces “dictateurs” en étant exécuté comme un vulgaire voleur de bétail du Far West. La justice à deux vitesses a toujours empoisonné la relation entre l'Orient et l'Occident. La mort de Saddam Hussein n'arrangera pas le constat. Si l'idée est de traiter Saddam Hussein, comme un quelconque despote arabe, pendu sans gloire au petit matin, le calcul était faux. Saddam Hussein a soigné sa sortie, avec retenue, un courage insoupçonné, sans un mot et dans une dignité qui fait regretter le personnage. Du moins ses secrets. Car Saddam Hussein a emporté les secrets des autres dans sa tombe. Les contrats véreux avec les Américains, les livraisons d'armes des Occidentaux, les dirigeants politiques en Europe et ailleurs qui ont eu des commissions occultes et des enveloppes fourrées aux dollars ainsi que tous les mystères d'une Mésopotamie qui ne cesse de brûler. Que dire de la provocation envers le monde musulman. Alors qu'un serial killer du Kansas sait qu'il ne sera jamais exécuté la veille de Noël, Saddam Hussein est passé avant les moutons de l'Aïd el-Kébir. Triste spectacle après un simulacre de procès dans un tribunal inique. Que même Amnesty International n'a pu que condamner. La vengeance n'est pas l'Etat. Celle du gouvernement Maliki ressemble de façon méprisable à une vendetta chiite contre un dirigeant sunnite qui a eu la main lourde contre ses propres affidés sunnites, mais également contre les Kurdes ou les Koweitiens. Les chiites d'Irak, avec la bénédiction de l'administration Bush, se sont offert un cadeau de fin d'année, mais ils ont offert au monde la preuve qu'une démocratie ne se décrète pas avec une justice expéditive et que les racines du terrorisme plongent profondément dans ces nuances. La pendaison de Saddam Hussein est choquante. Par le timing choisi, par les images qui ont réveillé chaque musulman le jour d'une fête sacrée mais surtout par la certitude que l'Irak est devenu un immense champ d'expérimentation pour les guerres interreligieuses. Les Américains peuvent désormais dormir tranquilles. L'homme, qui n'a jamais détenu d'armes nucléaires et qui a servi d'épouvantail à une opinion publique américaine en mal de méchant, est mort. Elle peut, toutefois, se consoler. Il lui reste Ben Laden M. B.