Les spécialistes attendent énormément de leur tutelle qu'elle prenne en charge cette donnée en faisant accompagner chaque chantier de restauration d'un monument historique par la présence obligatoire d'un archéologue qualifié. La découverte accidentelle de 23 boulets, sans mise à feu, de 3 grosseurs différentes datant, probablement, de l'époque espagnole, la première moitié du mois dernier, dans le chantier de restauration du fort de Santa Cruz à Oran, repose avec acuité le problème des fouilles archéologiques nationales et la place qu'on veut leur donner sur l'échiquier culturel algérien. La question reste posée, et les spécialistes attendent énormément de leur tutelle qu'elle prenne en charge cette donnée en faisant accompagner chaque chantier de restauration d'un monument historique par la présence obligatoire d'un archéologue qualifié. Cette optique est préconisée par Kouider Metaïer, le président de l'association Bel Horizon, officiellement intégrée dans le projet de restauration et de mise en valeur du fort de Santa Cruz qui a débuté en février dernier pour une durée de 18 mois et une enveloppe budgétaire estimée à 3 milliards de centimes. Un regard extérieur que doit porter l'association sur le chantier et un rôle d'autorité morale qui fait dire à son président toute la détresse des défenseurs de tels monuments devant l'indifférence qui les frappe. “C'est une découverte superficielle à 20 cm du sol qui en appelle d'autres puisque le fort, sur trois siècles de présence espagnole, du XVIe siècle jusqu'à 1792, a subi toutes les batailles d'Oran qui y ont été livrées”, dit Metaïer, parlant des boulets exhumés. Pour la suite du chantier, le président de l'association espère que le cri de détresse soit entendu par le ministère de la Culture et que l'on dépêche d'Alger un archéologue qui puisse superviser les travaux de fouilles à la recherche d'autres vestiges historiques sans que l'on suspende pour autant la restauration du fort. De l'avenir de ces découvertes, Metaïer souhaite qu'elles soient versées au futur musée du vieil Oran, que ce dernier aimerait voir implanté au sein même du fort de Santa Cruz. Cet épisode vient à point nommé relancer le débat sur l'avenir immédiat du quartier populaire de Sid el Houari que les pouvoirs publics pensent sérieusement à réhabiliter. Notre interlocuteur voit dans ce projet une opportunité offerte pour créer un gigantesque espace de fouilles à même de mettre en valeur les richesses historiques et les trésors archéologiques qui foisonnent dans la région, avant que la spéculation foncière ne prenne les devants.“On parle de la création d'un village touristique au cœur même du quartier, mais c'est la reconstitution de l'ensemble de la Scalera qui doit être entreprise pour espérer arriver à un résultat probant”, précise encore Kouider Metaïer. Saïd Oussad