De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi à maintes reprises, on a tenté de tirer le maximum de renseignements sur le mode de gestion relatif à ce chapitre, mais la réponse des artisans consiste en un seul refrain : «Nous accusons un déficit flagrant en matière de personnel qualifié apte à inventorier et à sérier les différents objets. Aussi, il a été décidé de fouiner pour recruter des spécialistes, quoiqu'il n'en existe pas autant sur le terrain, afin de prendre en charge notre patrimoine dans un cadre réglementé.» La formation fait défaut. Inutile de présenter l'aspect financier tel un handicap qui freine la collecte et la préservation des archives préhistoriques. Car, les structures culturelles à Constantine sont bien gâtées par le département de Mme Toumi. Et ce n'est pas la directrice du musée, Mme Hadefi, ou encore moins M. Nettour, directeur de la culture, qui vont contester la bagatelle de sommes versées annuellement. Une assistance financière qui, pourtant, ne favorise pas le suivi des activités sur tous les sites historiques et endroits anciens que l'on estime «inachevés» en matière de fouilles. «L'Algérie est un monument» pour reprendre l'expression d'un artiste architecte local. En parallèle, le Mois du patrimoine entame sa troisième semaine avec toujours cette volonté de mettre en relief les acquis historiques cumulés par la ville millénaire. Si l'on exceptait le concours honorable du musée Cirta, qui a ouvert ses grandes surfaces depuis l'entame de la manifestation le 18 du mois en cours, on serait passés à côté de l'évènement tant les acteurs locaux ont seulement ponctué la date inaugurale, sans lendemain prometteur sur la pérennisation historique, fossiles, toiles, objets de valeur et autres manuscrits, que recèlent Constantine et ses contrées limitrophes. Frappé par le thème «sécurisation», ce mois important pour les adeptes des antiquités se trouve quelque peu sans gardiens du temple ! Il ne suffit pas seulement de coucher des recommandations oiseuses au terme de communications de type «bilan chiffré» sur les pillages occasionnés par les ignorants des ères des civilisations. Du moins sur ce plan, la directrice, Mme Hadefi, rassure : «Les activités se poursuivent pour mettre en valeur chaque journée de ce mois. Il est un peu tôt pour avancer des instructions. D'abord, il faut savourer chaque prestation programmée au long de ce mois. Un bilan sera dressé à la clôture de l'événement», avant de rappeler l'importance essentielle accordée par le ministère de la Culture sur la préservation du patrimoine. «Des subventions gigantesques sont allouées par la tutelle pour chapeauter les richesses anciennes du pays. Le musée Cirta en bénéficie par le truchement de la direction de la culture de wilaya», ajoutera-t-elle.Mieux, notre interlocutrice se félicite doublement de la création d'un laboratoire en matière de «restauration» et de la sortie prochaine d'une promotion de l'institut d'archéologie de Constantine. Ce qui augure une meilleure maîtrise des objets anciens. Actuellement, Cirta répertorie ses pièces grâce à cinq archéologues recrutés dans différentes wilayas. Cependant, cette volonté émise par cet organisme suffira-t-elle à gérer les trésors de la capitale de l'Est ? Une hirondelle ne fait pas le printemps, devrions-nous dire. Le musée et son association d'amis qui œuvrent dans le bon sens de la sauvegarde du patrimoine ne peuvent à eux seuls garantir l'inventaire de toute cette richesse sans la contribution indispensable d'autres mécènes. La première responsabilité incomberait aux différentes associations archéologiques, et comme la ville en accuse un manque pour ne pas dire une nullité, les regards se dirigent tout droit vers la direction de la culture, organisme par excellence de toute action culturelle. A vrai dire, l'archéologie demeure en phase embryonnaire à Constantine. Sous un autre angle, certains spécialistes avancent que tout ce qui caractérise le patrimoine est repensé dans un ghetto qui écarte, souvent, l'universalité de la collecte des traces originales. Cela aurait pu se produire, à titre d'exemple, lors de la restauration du palais du Bey. Sans l'œil attentif du restaurateur spécialisé, des lustres d'existence des peuples anciens seraient «essuyés» par ignorance. Quel drame d'amputer les séquences des civilisations ! Car, un patrimoine «lifté» trompe ses âmes autochtones, et relate infidèlement son histoire aux générations futures. Entre inventaire et guet demeurent ainsi collés les veilleurs. Du moins aux yeux de la tutelle, le premier acte reste le plus important conformément aux textes législatifs sur le patrimoine national qu'elle avait avalisés en 2004. Le plus important étant de recenser tout le capital historique pour qu'ensuite interviennent, selon toute vraisemblance, sa gestion et son exposition «intelligente» au profit des visiteurs. Ce faisant, les spécialistes en formation feraient mieux de pousser la cadence de leur cycle pour répondre aux divinités des temples… Le tombeau de Massinissa au Khroub, et le site archéologique Tidis à Beni H'midane souffrent de solitude… tandis que les responsables du secteur maintiennent le cap sur un patrimoine figé dans un musée et dans une vieille ville qui tarde à dévoiler son nouveau look. Le patrimoine, au sens large du terme, requiert une protection clairvoyante pour sa pérennité et sa rentabilité plus ou moins économique.