Conduire aujourd'hui à Oran relève presque de l'exploit. Car en plus de veiller à éviter les secousses causées par l'état cahoteux des chaussées, il faut aussi se munir de beaucoup de patience pour slalomer entre les nids-de-poule. Il ne s'agit plus de conduire à Oran, mais de livrer une véritable bataille aux chaussées délabrées en l'absence d'une gestion d'entretien et d'aménagement rigoureuse. La dégradation des artères de la ville a atteint son paroxysme en raison du travail peu ou mal effectué par les entreprises chargées de la réfection des chaussées de la ville d'Oran. La défectuosité des artères de la ville et des routes périphériques incite la commune d'Oran à consacrer un budget de 52 millions de DA pour la réalisation des travaux d'aménagement des tronçons routiers intra-muros et des chaussées accidentés. La Direction de la voirie de la commune d'Oran (DVC) a exigé de ses partenaires une retenue de garantie et la signature d'une convention des travaux par les directions des travaux publics et de la DVC, d'une part, et les entreprises de travaux contractantes, d'autre part. Cette opération, qui sera également suivie par des travaux de colmatage des nids-de-poule, entre dans le cadre de l'opération de réfection des routes de la ville d'Oran. Les entreprises engagées dans ces travaux d'aménagement ne répondent nullement aux exigences des cahiers des charges pourtant drastiques. Le responsable de cette situation est tout désigné puisqu'il s'agit du maître d'ouvrage qui ne contrôle pas le suivi des travaux. Mais il est aussi question du maître d'œuvre réfractaire et peu regardant sur les délais et les conditions d'exécution des travaux. Dix milliards de centimes ont été dépensés en 2006 pour l'entretien de ces chaussées qui se transforment en marécages boueux, rendant difficile la circulation des personnes et des véhicules. Les habitants des quartiers de l'Usto et de Petit Lac ont particulièrement souffert de cette situation durant les fortes averses qui se sont abattues sur Oran. Des entrepreneurs peu entreprenants ont amplifié le problème des inondations en recourant délibérément à l'obturation d'un canal à Petit Lac, obligeant ses habitants à déserter leurs maisons. “C'est un véritable tsunami qui a failli nous emporter n'eut été l'intervention des éléments de la Protection civile”, se plaignent des pères de famille. Selon un responsable de la DVC ayant requis l'anonymat, “le problème du mauvais état des routes incombe en premier lieu aux entrepreneurs qui traficotent sur la qualité des produits d'entretien (bitume et émulsion) au détriment du contribuable”. “Certains chefs d'entreprise poussent le culot jusqu'à rogner sur les quantités des produits entrant dans l'opération de la pose des couches d'accrochage qui nécessitent un dosage strict du béton armé”, déplore un technicien de la DVC. En 2006, une cinquantaine d'artères “réfectionnées” n'ont pas résisté à la pression de la chaleur, occasionnant des accidents de la circulation. “L'impraticabilité des routes intra-muros est à l'origine de 40% des accidents mortels qui surviennent en période de pluies”, précise un responsable de la Protection civile. “Sur les 966 accidents de la circulation enregistrés en 2006, 37% des décès sur 149 ont un lien direct avec le mauvais état des routes et des artères de la ville”, observe notre interlocuteur, ajoutant que les mauvaises opérations de fraisage des chaussées sont responsables de plusieurs accidents dont sont victimes les piétons. B. GHRISSI