Alger abrite à partir de demain et pour deux jours la conférence africaine sur “la contribution de l'énergie nucléaire à la promotion de la paix et le développement”. À l'heure où le nucléaire iranien focalise l'attention internationale, l'Afrique, continent totalement dénucléarisé, veut faire entendre sa voix et user de son droit à l'usage du nucléaire à des fins pacifiques. C'est la première rencontre politique et scientifique de ce genre à se tenir en Afrique. Ses recommandations devant servir pour le Sommet africain d'Addis-Abeba à la fin du mois. Le continent qui avait l'arme nucléaire en Afrique du Sud mais qui l'a détruite s'est résolument engagé vers, non seulement la non-prolifération, mais plus encore vers le désarmement nucléaire. Les pays membres de l'Union africaine se sont engagés politiquement et juridiquement en ce sens. Il s'agit aujourd'hui pour ces états de se servir de l'énergie atomique aux fins de développement. Trente-trois Etats font partie du programme de coopération régionale même peu de pays africains ont ce potentiel à l'image de l'Afrique du Sud, de l'Algérie, de l'Egypte et dans une moindre mesure du Nigeria et du Maroc. Il s'agit dans le cadre du Nepad d'utiliser l'énergie nucléaire comme vecteur de développement. Placée sous le haut patronage du président de la République, il reviendra probablement à Abdelaziz Bouteflika de procéder à son ouverture. On s'attend à une très forte participation ministérielle et scientifique africaine. Près de 45 délégations africaines de haut niveau seront présentes. Les représentants de la commission de l'Union africaine, des agences africaines, de la Ligue arabe et de l'Agence internationale de l'énergie atomique seront de la partie. La délégation de l'AIEA sera conduite par le directeur général de l'agence, Mohamed El-Baradei. Outre les séances plénières, cette conférence abritera trois ateliers consacrés au système de régulation : sûreté, sécurité et promotion de la paix et du développement, les applications non énergétiques, et l'utilisation énergétiques notamment l'électronucléaire. Côté algérien, le commissariat à l'énergie atomique, celui aux énergies nouvelles, les ministères des Affaires étrangères, de l'Energie et des mines, de l'Agriculture, de l'enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que ceux de l'environnement et de la Santé seront représentés. Une manière également pour l'Algérie de relever que le débat sur l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques ne doit ni se focaliser ni être accaparé par le dossier du nucléaire iranien ou nord-coréen. La non-prolifération devant être pour l'Algérie horizontale et verticale et tendre le plus possible vers le désarmement. La diplomatie algérienne se met aujourd'hui au service du scientifique et du technologique pour promouvoir l'usage pacifique du nucléaire et prôner le désarmement. Ces applications pacifiques sont multiples. L'Algérie en fait usage dans les domaines de la santé, de l'agriculture, des ressources en eau, de l'industrie. Elle développe actuellement un programme avec l'AIEA relatif à la planification énergétique et à l'introduction de l'électronucléaire. Il entrera en vigueur cette année et s'étalera sur deux ans. Ce programme est consacré aux traitements en santé, aux ressources en eau… Au-delà du droit consacré à l'usage pacifique du nucléaire, il s'agit peut-être d'une manière pour l'Algérie d'exorciser les vieux démons et d'apporter par la même un démenti cinglant à la polémique ayant actuellement cours sur une soi-disant prolifération nucléaire ou des intentions algériennes en ce sens. Alger, qui est signataire du traité de non-prolifération nucléaire, et qui se soumet au système de garanties de l'AIEA en ce sens, n'a d'ailleurs aucune crainte, ni d'inhibition à parler du nucléaire et à vouloir être une locomotive continentale à ce sujet. Samar Smati