Le continent est en droit d'accéder aux bienfaits de l'énergie atomique. Une conférence africaine portant sur les applications pacifiques de l'énergie nucléaire, se tiendra aujourd'hui et demain à Alger, en présence de Mohammed El-Baradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette conférence organisée sous le thème «Science et la technologie au ser-vice du développement», verra la participation de pas moins de 45 pays africains. Il est attendu, également, que le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, donne le coup d'envoi des travaux de cette rencontre placée sous son haut patronage, et dont les recommandations seront portées au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains qui se tiendra fin janvier à Addis Abeba. Bien qu'elle se focalisera sur les applications non énergétiques du nucléaire dans les domaines de la santé, de l'agriculture, de l'industrie et de l'environnement, la tenue à Alger de ce rendez-vous requiert une importance capitale eu égard à la conjoncture géostratégique internationale actuelle, dominée par des tensions d'ordre énergétique et/ou sécuritaire. Les sanctions onusiennes prévues contre l'Iran, l'entrée fracassante de la Corée du Nord dans le cercle très restreint des puissances nucléaires, ajoutées à la course effrénée des grandes puissances à mettre main basse sur les sources d'énergie mondiale, constituent autant d'ingrédients devant pousser les Africains à penser sérieusement à se repositionner dans un monde en mutation vertigineuse. Soulignons, à cet effet, que les pays du monde sont de plus en plus nombreux à se rabattre sur cette énergie renouvelable et durable autant qu'elle est propre et économique. L'Afrique, en revanche, est restée en marge de cette nouvelle tendance internationale, comme c'est le cas pour les autres domaines d'ailleurs, où seuls l'Afrique du Sud, l'Algérie et l'Egypte ont fait, à des degrés plus ou moins avancés, des pas dans ce sentier. L'Afrique est pourtant en droit d'accéder aux bienfaits de l'énergie atomique du moment que la totalité de ses pays sont signataires du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Par ailleurs, et s'agissant des fins militaires des programmes nucléaires, et en dépit de son classement comme étant un continent complètement dénucléarisé après la destruction de l'arsenal sud-africain, l'Afrique est sujette, toutefois, à des pressions américaines et occidentales qui pèsent, particulièrement, sur l'Algérie et l'Egypte accusées à tort de nourrir l'ambitions d'acquérir l'arme atomique. Concernant l'Algérie, ces soupçons sont alimentés, le plus souvent, par le Royaume chérifien, épouvanté par les deux réacteurs nucléaires expérimentaux de Draria et de Aïn Oussera. Des craintes qui persistent malgré que ces deux réacteurs, le premier d'une capacité de 3 mégawatts, réalisé en coopération avec l'Argentine, et le second de 15 mégawatts, construit avec l'aide de la Chine, sont régulièrement inspectés par l'Aiea. Il est utile de rappeler, dans le même contexte, que Alger qui a signé le TNP avant de s'engager, fin 2004, à signer le protocole additionnel du même traité portant sur l'acceptation des inspections internationales inopinées dans les installations nucléaires, a fait preuve, à maintes reprises, de ses convictions traitant de l'utilisation de la technologie nucléaire, à des fins exclusivement pacifiques. La mise à profit des gisements d'uranium du Sud va contribuer, notamment à l'accroissement de la production nationale en électricité. Rappelons dans ce sillage que l'Algérie n'a pas répondu à l'offre du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qu avait déclaré en novembre dernier, lors de la visite effectuée par Chakib Khelil à Téhéran: «Nous sommes prêts à partager avec l'Algérie notre expérience dans plusieurs domaines, dont la technologie nucléaire pacifique». L'offre du président iranien, selon des observateurs, a été dictée par son souci de traîner un maximum de pays dans le conflit l'opposant aux puissances occidentales. Mais la réserve affichée par Alger ne l'a pas empêché, cependant, de réitérer, à chaque fois que les circonstances l'exigent, ses principes de paix et d'équité entre les nations, et ce, en dénonçant la politique des deux poids, deux mesures appliquée par les puissances occidentales. Ces mêmes puissances qui prévoient des sanctions contre l'Iran tout en fermant les yeux sur le nucléaire israélien.