Le ministre des Transports a abordé plusieurs dossiers importants tels que la situation d'Air Algérie ainsi que les projets du métro d'Alger et du tramway. Le ministre des Transports est longuement revenu, samedi soir, au Forum de l'ENTV, sur l'utilité d'expertiser, toutes les voitures de tourisme, y compris celles qui viennent d'être livrées par les concessionnaires à leurs propriétaires. “L'âge du véhicule n'est pas une garantie de sa fiabilité. Il peut présenter aussi un danger pour son usager”, a estimé Mohamed Maghlaoui en se basant sur l'expérience menée sur les véhicules professionnels (taxis et minibus), lesquels sont soumis systématiquement au contrôle technique. “Nous avons constaté que de nombreuses voitures récentes présentaient des défaillances au niveau du système de freinage et de la direction”. Le membre du gouvernement a d'ailleurs accusé, presque directement, les services des mines, rattachés au ministère de l'Industrie, de délivrer des certificats de conformité à des automobiles souffrant de défauts de fabrication. Ils sont intégrés tels quels au parc roulant. “Les ingénieurs des mines procèdent au contrôle de prototypes pour attester de la conformité du modèle, en vue de sa mise en circulation sur la voie publique”. L'administration du département des Transports semble vouloir corriger cette carence, en astreignant l'ensemble du parc roulant à l'expertise technique. Il n'en demeure pas moins que le citoyen est pénalisé pour une erreur de procédure, dont il n'est nullement comptable, dans l'absolu évidemment. Il est clair que l'acquéreur d'un véhicule neuf est censé avoir payé, souvent le prix fort, pour un produit sans faille. Quant aux éventuels défauts de fabrication, ils sont couverts par la garantie d'une année, de deux ans ou de 50 000 km, accordée par le concessionnaire, lui-même réassuré auprès du constructeur de la marque. Quant aux dividendes financières de cette opération, de très nombreux observateurs pensent que l'Etat ne manquera pas d'engranger une véritable cagnotte en soumettant, en supplément aux voitures de plus de 5 ans, environ 600 000 véhicules, acquis après le 31 décembre 2000, à une supervision tarifée entre 800 et 1000 DA. Sur les capacités du secteur à assurer le contrôle de près de 2 millions d'unités (en excluant les véhicules de plus de 10 ans qui ont déjà été expertisés), en trois mois à peine, Mohamed Maghlaoui s'est montré catégorique. “Il est possible de contrôler 120 000 véhicules par mois, dans les 150 agences où travaillent 600 contrôleurs, formés à cette tâche selon les normes internationales”. Il a, à ce titre, reproché aux citoyens d'attendre l'approche de l'expiration des délais, pour se conformer à la mesure, imposée par le ministère des Transports. C'est ce qui crée, de son avis, la bousculade au niveau des agences. “L'étape de contrôle des véhicules, âgés entre 5 et 10 ans, a démarré fin septembre. En trois mois, uniquement 30 000 voitures, sur un total de 110 000, ont été expertisées”. Le membre de l'équipe de Abdelaziz Belkhadem a, néanmoins, promis de prolonger encore les délais, si le besoin s'en ressent. Air Algérie est rentable “L'espace aérien, survolant le territoire national, ne sera ouvert à la concurrence qu'à partir de 2009”, a répondu Mohamed Maghlaoui, assez sèchement, confirmant ainsi la décision de l'Etat d'asseoir, pendant au moins deux ans encore, le monopole de la compagnie aérienne nationale sur les lignes intérieures. Il a attesté, dans le sillage, qu'Air Algérie génère des profits substantiels. “Il faut absolument croire en les chances de cette compagnie qui devrait être prochainement cotée en Bourse”. Elle accuse, par contre, a-t-il reconnu, des faiblesses dans les prestations, dont ses légendaires retards sur les horaires de vols, préalablement établis. Le membre du gouvernement a imputé ces carences aux problèmes de maintenance dans 20% des cas, à l'équipage (20%) mais aussi à la pléthore de personnel, quelque 2 400 salariés, dont souffre la compagnie. Il a indiqué, à ce sujet, que des négociations sont en cours avec les syndicats de l'entreprise, pour réussir une compression sans douleur. Sur le sort des 160 pilotes de ligne, en chômage depuis trois ans, le ministre a affirmé n'avoir aucune solution. “Vous ne pouvez pas reprocher à l'Etat d'avoir financé la poursuite de la formation de 230 pilotes, après la faillite de Khalifa Airways. 50 d'entre eux ont été intégrés à l'effectif d'Air Algérie. 20 ont été affectés dans le sud du pays. Nous ne pouvons faire mieux au moment où nous tentons de résoudre le problème d'un personnel pléthorique à Air Algérie”. Il a certifié que la licence d'aviation de ces jeunes pilotes, valable en temps ordinaire 4 ans, sera certainement prolongée. Le métro d'Alger et le tramway seront gérés par des étrangers À une question d'un journaliste qui s'inquiétait de l'atteinte à la souveraineté nationale en confiant la gestion de la nouvelle aérogare de l'aéroport international Houari-Boumediene au groupe Aéroports de Paris (ADP), le ministre des Transports a asséné que le principe est dûment protégé par l'Etat. Il a expliqué, quand même, que “dans chaque aéroport, il existe une partie dite de souveraineté (EGSA, douane, police…) et une partie commerciale qui est gérée par des étrangers comme cela se passe dans tous les pays du monde”. Il a affirmé que les bons résultats obtenus grâce à cette expérience incitent les pouvoirs publics à la renouveler pour le métro et le tramway d'Alger, ainsi que pour “toutes les infrastructures nouvelles pour lesquelles l'Algérie n'a pas encore d'expertise en matière de gestion”, à l'instar du port de Béjaïa. Il a informé, par là même, que le premier tronçon du métro d'Alger sera ouvert en septembre 2008. Le tramway sera réceptionné en 2009 et 13 lignes de téléphérique, dont 7 dans la capitale, seront bientôt réhabilitées. Il a déclaré, en outre, qu'une part importante du budget de 1 000 milliards de dinars alloué au développement du secteur des transports à l'horizon 2009, servira essentiellement à la réfection de la voie ferrée et à la réalisation de nouveaux tracés de rails (notamment dans les régions enclavées). “Des 5 500 km hérités de l'époque coloniale, il n'en reste que 3 500, par manque d'investissement”, a-t-il regretté. 65 000 opérateurs dans le transport public Mohamed Maghlaoui a admis qu'il était ardu de mettre fin, dans l'immédiat, à la grande anarchie qui règne dans les transports publics. Il a affirmé qu'il était difficile de contrôler plus de 65 000 opérateurs, agissant dans le secteur, ainsi que 60 000 taxis et quelque 100 000 bus. “Le ministère ne peut être avisé de tous les dépassements. C'est aux citoyens de les dénoncer”. Il a indiqué aussi que les routes disponibles et l'importance du parc roulant ne permettent pas, pour l'heure, de réserver des voies spécifiques aux bus, afin de rendre un peu plus fluide la circulation. Les encombrements ne seront réduits qu'après la mise en service, a-t-il soutenu, d'autre formes de transports collectifs comme le tramway et le métro. Il a certifié que son département mettra graduellement de l'ordre dans le secteur. Il va notamment commencer par supprimer, progressivement les taxis collectifs, opérant dans la capitale. Il a parlé aussi de la création d'un institut national pour la conduite, qui mettra en œuvre de nouveaux critères d'examination. Le membre du gouvernement a exclu, toutefois, l'instauration, dans l'immédiat d'un permis de conduire à points, car cela nécessite des installations informatiques très lourdes. Le code de la route, entré en vigueur en mars 2005, n'a pas, quant à lui, diminué, de manière conséquente, les accidents de la route. “Il faut reconnaître qu'il a imposé, au moins le respect du port de la ceinture de sécurité”, a relevé le ministre, en guise d'une piètre consolation. Souhila Hammadi