Le sandiniste Daniel Ortega a pris ses fonctions de président du Nicaragua, un retour au pouvoir — perdu il y a 16 ans — sous le signe de la modération en présence d'anti-américains notoires et des alliés latino-américains de Washington. Les cérémonies à Managua ont été précédées d'un coup de théâtre : le président américain George W. Bush, qui avait tout fait pour empêcher l'élection de M. Ortega, ancienne “bête noire” des Etats-Unis, lui a téléphoné lundi “pour le féliciter” et annoncer son désir de coopération entre les deux pays. Le début du 3e mandat de l'ancien révolutionnaire, qui à 61 ans, a changé son image pour devenir un apôtre de la réconciliation, a été marqué par un rassemblement politiquement hétéroclite de 14 chefs d'Etat ou de gouvernement, et de 61 délégations de haut niveau d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Afrique. On retrouve naturellement dans cette liste les amis anti-américains de Daniel Ortega, comme les présidents du Venezuela, Hugo Chavez, de Bolivie, Evo Morales, le président élu équatorien Rafael Correa ou encore Moustafa al-Qaroubi, émissaire du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Hier, Ortega a nommé son épouse, Rosario Murillo, ministre de la Communication du nouveau gouvernement, selon un communiqué de la présidence. Le président n'a pas nommé de ministre de la Défense. Le chef de l'Etat étant chef suprême des armées, il est probable qu'il assume lui-même cette fonction. Le gouvernement est essentiellement constitué de cadres du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), parti qui a gouverné le Nicaragua de 1979 à 1990.