L'augmentation des salaires, a souligné le ministre des Finances, tiendra compte désormais de la productivité. Le grand argentier du pays n'exclut pas, du reste, une baisse de la TVA sur des produits de première nécessité l'an prochain. Le ministre des Finances a annoncé, mercredi dernier, lors d'un dîner-débat, organisé par le Club Excellence Management et le Forum des chefs d'entreprise, une baisse des impôts en 2008, à l'adresse d'un parterre de chefs d'entreprise et de banquiers. “Nous poursuivrons la baisse de la pression fiscale sur les entreprises de manière à encourager la création de richesses et d'emplois”, a-t-il souligné, après avoir cité les allégements fiscaux contenus dans la loi des finances 2007. En réponse à une question de l'industriel Issad Rebrab sur une “discordance” constatée sur le niveau de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) ramené de 30 à 25% pour le bénéfice non réinvesti et de 15 à 12,5% seulement pour le bénéfice réinvesti dans la loi des finances complémentaire 2006, signalant qu'au début des années 1990, le niveau de l'IBS réinvesti était de 5%, le grand argentier du pays a répondu qu'il ne voyait aucune objection à cette baisse. Le législateur allait faire un effort sur ce point l'an prochain, suggère-t-il en réduisant de nouveau le niveau de l'IBS réinvesti, pour booster l'investissement. Toutefois, l'approche du législateur est progressive en matière de réductions fiscales, a-t-il ajouté. La disposition, notons-le, encourage davantage l'IBS distribué sous forme de dividendes par rapport à l'IBS réinvesti, lequel devrait être “davantage favorisé à travers des réductions fiscales plus conséquentes au regard de ses effets sur le développement des investissements” . Le patron du groupe privé Cevital a observé, du reste, que le régime de TVA sur les produits de première nécessité introduit une discrimination fiscale. Il exonère de TVA le lait, la farine et le pain, alors que d'autres tels que l'huile, le sucre et la semoule sont frappés d'un taux de 17% pour les deux premiers produits et de 7% pour le troisième. L'industriel a suggéré l'élargissement de l'exemption de TVA aux autres produits de première nécessité, en particulier l'huile et le sucre pour améliorer le pouvoir d'achat du consommateur. Après avoir remarqué que rares sont les pays qui exonèrent de TVA la totalité des produits de première nécessité, le ministre des Finances n'a pas exclu une baisse de TVA sur ces produits l'an prochain. Toutefois, elle doit répondre à un objectif, a-t-il nuancé. Par ailleurs, le P-DG du groupe Cevital a relevé des dysfonctionnements dans les opérations bancaires, en particulier, dans la mise en œuvre du nouveau système de paiement, en dépit des progrès enregistrés. Dysfonctionnements qui se répercutent sur le bon fonctionnement des entreprises. Précisément, des chèques ont été rejetés pour un problème d'image alors que le compte est bien provisionné. Autre anomalie enregistrée chez les banques, les retards dans les encaissements. Un délai de quinze jours s'écoule entre les paiements par chèques et les encaissements, a signalé Issad Rebrab. En clair, il faut plus de deux semaines pour que l'argent entre dans le compte, (il s'agit de milliards de dinars). Invité par le ministre à répondre à ce constat, le délégué général de l'Abef, M. Benkhalfa, a avancé que ces dysfonctionnements techniques sont incontournables au début car il s'agit de passer à un système de paiement radicalement différent. “Ces incidents techniques disparaîtront au fur et à mesure de la maîtrise du système automatisé. En juin prochain, ces incidents auront quasiment disparu. Le taux de rejet des chèques passera de 6% en juin dernier , 2% actuellement à 0,5% en juin prochain”, a-t-il affirmé. Dans son intervention, le ministre des Finances a souligné que le concept de planification reprend sa place aujourd'hui. Il s'agit de rendre plus lisibles les perspectives de l'économie algérienne, d'offrir aux opérateurs un champ d'intervention plus lisible. Le commissariat au plan, qui vient d'être institué et qui est rattaché au ministère des Finances, planche sur les perspectives de l'économie algérienne à l'horizon 2025. Sur la politique industrielle, déterminante quant à l'orientation en particulier des IDE, le grand argentier du pays, a indiqué qu'elle allait être définie en 2007. Sur l'évasion fiscale, il a répondu que ce phénomène est traité par les leviers répressif et incitatif. Il s'agit sur ce dernier point de réduire la pression fiscale, d'offrir des espaces réglementés, transparents pour l'exercice des activités, de simplifier l'accès aux autorisations. Interrogé sur la réévaluation du dinar, il a indiqué qu'elle ne figure pas à l'ordre du jour du gouvernement. Quant à l'augmentation des salaires, le grand argentier du pays a affirmé en marge de la rencontre, qu'elle tiendra compte désormais de la productivité et de l'inflation. “L'augmentation des salaires, c'est 1,5 milliard de dollars versé par l'Etat par an”, a-t-il ajouté. N. Ryad