La question des bidonvilles à Constantine a longtemps caché une autre réalité aussi amère que la première. La cité souffre, aussi, des constructions illicites au nombre de 20 000 unités. Depuis 2003, 800 bâtisses illicitement construites ont été détruites à Constantine par la brigade de démolition de l'APC. C'est ce qui ressort du rapport de la commission de l'équipement et de l'aménagement urbain, présenté lors de la dernière session de l'APW. Pour la période 2005-2006, les 90 brigades de démolition de l'APC ont effectué 200 opérations du genre, ciblant bâtisses, commerces, clôtures et extensions. L'absence de permis de construire et le non-respect des conditions retenues dans la même document sont autant d'infractions enregistrées dans ce cadre. Des milliers de dossiers ont été transmis à la justice par les services de l'APC, où la plupart des litiges ont été résolus en faveur de l'administration. Les secteurs urbains les plus touchés par ces irrégularités en matière d'urbanisme sont Boudraâ-Salah, les Mûriers et El-Guemmas. Les services de l'APC chargés de cette mission devront faire face à une série d'irrégularités dans 42 lotissements, 20 zones, 20 cités illicites et 20 bidonvilles. Une tâche plutôt difficile où les brigades de démolition se trouvent parfois dépassées devant l'ampleur des constructions érigées par des propriétaires qui profitent des vides juridiques existants pour fuir les sanctions. Il s'agit, notamment, du rôle des bureaux d'études et des architectes qui se limite, tout simplement, à l'établissement du plan du projet. Par ailleurs, en plus des constructions illicites qui défigurent complètement le panorama de la ville des Ponts figurent les constructions inachevées. Pour le moment, aucune direction n'est en mesure de recenser le nombre des bâtisses individuelles éternellement en cours de réalisation. Une visite dans certains quartiers périphériques confirme une seule réalité, celle de l'ampleur du phénomène. Des cités entières d'habitations inachevées depuis des décennies avec des constructions géantes où se greffent, au rez-de-chaussée, des magasins constituent le même style d'anarchie adopté indépendamment du lieu. Tout ce gâchis est réalisé dans la majorité des cas sans plan. C'est ce qui a été reconnu par la commission de l'équipement et de l'aménagement à travers son rapport. Seul un texte législatif exigeant la finition dans un délai déterminé, sous peine des fortes amendes, pourrait faire reculer cette dégradation, a conclu la commission. Le directeur de wilaya de l'urbanisme a, pour sa part, remarqué que pas moins de 37 dossiers ont été traduits, par ses services, en justice, pour non conformité aux règles d'urbanisme. Le nombre de permis de construire a atteint 1 919 validations sur un total de 2 609 demandes introduites. Interrogé au sujet du sort des 20 cités illicites que compte la ville des Ponts, le premier responsable d'urbanisme de la wilaya a affirmé qu'aucune décision officielle sur une éventuelle régularisation n'a été prise pour le moment, estimant que la démolition de 20 000 logements est écartée à première vue. Madani R.