La secrétaire d'Etat américaine a bouclé, avec sa rencontre, hier, avec le Premier ministre israélien, la phase israélo-palestinienne de sa tournée régionale centrée également sur la nouvelle stratégie américaine en Irak et qui doit la mener en Egypte, en Arabie Saoudite et au Koweït. Lors d'une rencontre à Ramallah avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, Mme Rice avait réaffirmé la nécessité d'accélérer le processus de paix sans annoncer d'avancée sur les moyens de débloquer ce processus moribond. Plus encore, elle n'a pas soufflé mot sur la décision des Israéliens de construire 44 nouveaux logements à Maalé Adoumim, la plus grande colonie juive en Cisjordanie occupée. Elle a rencontré auparavant le roi de Jordanie, Abdallah II, qui l'a exhortée à activer la feuille de route proche-orientale, faute de quoi, a-t-il averti, le cycle des violences va s'étendre dans la région. Or, cette feuille de route, le dernier plan international de règlement du conflit israélo-palestinien, prévoit le gel de la colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés.Parrainée par le quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU), elle est restée lettre morte depuis 2003. Le président Abbas n'a pas manqué de rappeler à la plus proche collaboratrice du président américain qu'il ne saurait pour lui accepter des solutions provisoires. En rejetant les solutions temporaires, le président de l'Autorité palestinienne faisait allusion à des propositions israéliennes de créer un Etat palestinien avec des frontières provisoires avant de parvenir à un règlement final. Les Israéliens auraient mis au point leur propre plan que Condoleezza Rice essaye de vendre aux Palestiniens. Ainsi se comprend le refus des Etats-Unis aux propositions européennes et arabes de conférence internationale de paix pour le Proche-Orient. Ils veulent que Abbas se soumette aux diktats des Israéliens mais ce dernier, estimant avoir trop consenti, a appelé à réactiver le rôle de toutes les parties internationales pour ne pas se retrouver en tête à tête contre la coalition israélo-américaine. Pour appâter les Palestiniens, Washington a même promis 86 millions de dollars d'aide militaire destinée aux forces de sécurité de l'Autorité. Ce qui a alimenté le courroux de Hamas, déjà dans une partie de bras de fer avec Abbas. Le mouvement islamiste a protesté contre l'initiative américaine, accusant Washington de pousser les Palestiniens à la guerre civile. D. Bouatta