Dans son discours inaugural, le cheikh Youssef Al-Qaradaoui n'a pas mis de gants pour s'attaquer aux chiites, notamment iraniens et irakiens, qu'ils accusent de vouloir provoquer la sédition au sein de la Nation musulmane. Influent théologien sunnite, le cheikh Youssef Al-Qaradaoui a provoqué un vif débat à l'ouverture de la conférence à Doha sur le dialogue entre les sectes de l'islam, à laquelle participent plus de 216 oulémas et penseurs de diverses sectes de l'islam de 44 pays. Dans une violente diatribe, il a fustigé le prosélytisme chiite, en accusant ouvertement l'Iran d'être derrière “les tentatives des chiites d'étendre leur confession dans les pays sunnites”. “A quoi vous servira d'entrer dans un pays sunnite comme l'Egypte, le Soudan, le Maroc, l'Algérie ou d'autres, et d'essayer de convertir des membres à la confession chiite ?... Vous gagnez 10, 20, 100 ou 200 membres et après vous provoquez une sédition dans le pays. Les gens vous haïrons et vous maudirons ensuite”, a-t-il lancé en direction du régime des Mollahs. Il n'a pas mis de gants pour dénoncer “les tentatives iraniennes de convertir les sunnites au chiisme dans plusieurs pays sunnites”. Quant à la situation prévalant en Irak entre communautés sunnite et chiite, cheikh Youssef Al-Qaradaoui a mis l'accent sur le fait que “les sunnites sont chassés de leurs zones. Maintenant, ils cherchent à vider Bagdad de ses habitants sunnites. C'est pourquoi, nous ne devrons pas nous taire”. Poursuivant sa diatribe contre les chiites, il déplorera que “les escadrons de la mort et les milices investissent les maisons, tuent les habitants, ce qui témoigne d'une haine noire. Les chiites doivent les dénoncer”. Le théologien sunnite, qui préside la Fédération internationale des oulémas, a rappelé avoir demandé aux “marjaâ (références religieuses pour le chiites) en Irak et au guide suprême iranien (l'ayatollah Ali Khamenei) de se prononcer, parce que l'Iran a une influence en Irak et peut arrêter cette sédition et éteindre ce feu qui va tout embraser”. Une réponse indirecte à ces virulentes critiques est venue de l'ayatollah Mohammad Ali Taskhiri, secrétaire général du Forum mondial pour le rapprochement des écoles islamiques en Iran, lequel a rejeté sur Israël et les Etats-Unis la responsabilité des conflits confessionnels entre sunnites et chiites, en particulier en Irak. Il a mis en garde contre “un plan pernicieux visant à détourner les musulmans de leur ennemi véritable et d'incriminer un ennemi fictif : la République islamique d'Iran”. Taskhiri a accusé Israël d'être “l'instigateur de la sédition confessionnelle au Liban et en Irak”. D'autres intervenants ont cherché à apaiser les esprits en soulignant la nécessité de dépasser les divergences confessionnelles qui visent, selon eux, à exploiter la religion à des fins politiques. Parmi les participants à cette conférence, dont les travaux se poursuivront aujourd'hui et demain, figurent notamment le secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, le ministre égyptien des Biens religieux, Mahmoud Hamdi Zaqzouq, le ministre afghan des Affaires religieuses, Niamatullah Shahrani, le mufti d'Egypte, cheikh Ali Gomaa, le mufti de la Palestine cheikh Akrama Sabri, et l'influent ouléma chiite irakien, cheikh Jawad Al-Khalsi. K. ABDELKAMEL