“L'Algérie est de plus en plus concernée par le phénomène destructeur de la drogue. Ce fléau touche actuellement les écoles primaires et les hôpitaux. Nous devons être plus vigilants que jamais si nous voulons nous en prémunir”. Cette sentence effrayante est de M. Abdelmalek Sayeh, le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, qui s'exprimait, hier, devant un parterre de magistrats, d'avocats et de représentants des services de sécurité et de douanes de la wilaya de Tébessa. Selon M. Sayeh, le trafic de drogue sous toutes ses formes aurait pris une ampleur inquiétante depuis 2004, année où le pic des saisies opérées a atteint 12,373 tonnes. Cette montée en puissance du phénomène, associée au nombre sans cesse croissant des arrestations de bandes organisées qui recrutaient dans leurs rangs des jeunes âgés entre 18 et 25 ans, a donné lieu, toujours selon les propos du directeur de l'office, à la promulgation de la loi n°04 18 du 25 décembre 2004, relative à la prévention et à la répression des crimes et délits liés à l'usage et au trafic de drogue. Un texte de loi qui prévoit des peines pouvant aller jusqu'à la réclusion à perpétuité. Les autres intervenants, qui ont animé la rencontre, ont souligné la relation étroite entre le trafic de stupéfiants et de psychotropes avec le terrorisme et le blanchiment d'argent. À ce propos, il a été indiqué qu'un programme de lutte contre ce trafic a été établi par l'office sur quatre années (entre 2004 et 2008) en étroite collaboration avec les services internes de sécurité et de douanes ainsi qu'avec Europol et Interpol. Des moyens humains et matériels conséquents sont déployés, semble-t-il, pour juguler ce fléau. L'Algérie étant une voie de cheminement des quantités de drogue convoyées depuis le Maroc, à destination des pays européens, via la Tunisie et la Libye. Le dispositif de surveillance des frontières aurait été renforcé sur l'ensemble du territoire national. Le choix de l'Algérie comme pays de transit de la drogue exportée n'aurait pas qu'un aspect pratique pour ceux qui encouragent ce trafic à l'ouest de notre pays. Il aurait, de l'avis d'un des conférenciers, un objectif plus pernicieux, celui d'y inculquer le mal de la consommation. Les statistiques démontrent, en effet, que près de 26,20% des quantités qui transitent par nos frontières sont consommées par les populations locales. Ce qui a amené notre interlocuteur à affirmer que “la drogue est utilisée comme une arme contre notre pays”. Il reste que le cheminement que les trafiquants font prendre à la drogue destinée à l'Europe est connu par nos services de sécurité ; il prendrait son départ à l'Ouest algérien pour aller jusqu'à El-Oued, en passant par El-Bayadh, Naâma et Ouargla. A. ALLIK