Les moyens à même de permettre l'application et la réussite de ce programme ne sont toujours pas disponibles sur le terrain. La mise en place du programme national de périnatalité a été au centre d'une rencontre qui s'est tenue à l'ITSP d'Oran. Organisée par la DSP de la wilaya, cette rencontre, destinée aux sages-femmes notamment, avait pour objectif de mieux informer et de sensibiliser celles-ci quant au contenu des différentes instructions ministérielles qui définissent l'ensemble des actions et mesures à prendre face aux grossesses à risque. L'essentiel de ce programme national de périnatalité (décret n°05/438), dont le montant est de 2,7 milliards de DA, repose en fait sur la création de centres de références où des consultations spécialisées doivent permettre aux médecins et aux sages-femmes de dépister les pathologies qui représenteront un danger pour la mère et l'enfant, en l'occurrence le diabète et l'hypertension artérielle. Sur le terrain, la mise en place de ces centres n'est pas chose aisée, les contraintes pour réunir les moyens humains et matériels sont mises en avant par le corps médical. À Oran, la DSP a bien été destinatrice de P-V, lui signifiant que ces centres ont été mis en place au niveau de tous les secteurs sanitaires de la wilaya (Oran-Est, Oran-Ouest, Sénia, Aïn El-Turck et Arzew). Hormis Arzew, où la mise en place du centre, à Bethioua et Gdyel, serait avancée, ailleurs aucune information n'est venue confirmer cette réalité. D'ailleurs, une commission de la DSP doit prochainement effectuer des contrôles pour vérifier que ces P-V d'installation sont concrétisés sur le terrain.Le seul acquis jusqu'ici est la localisation des différents centres de références. Que va-t-il en être des moyens indispensables à assurer, de la disponibilité de spécialistes qui se pose, y compris à Oran, puisque ces centres de références doivent fonctionner avec des équipes pluridisciplinaires, c'est-à-dire un gynécologue, un médecin interniste, un cardiologue, un diabétologue, etc. Pour l'heure, aucune réponse n'a été apportée alors que les exigences de résultats sont déjà fixées par le ministère de la Santé. À titre d'indication, des sages-femmes ont expliqué lors de cette rencontre que les fameux carnets de santé qui doivent suivre la mère durant toute sa grossesse ne sont pas en quantités suffisantes, que certaines sages-femmes n'utilisent pas, que des médecins privés refusent de les remplir alors qu'ils sont tout autant concernés que le secteur public par l'application du programme national de périnatalité. Plus particulièrement, les sages-femmes sont appelées à assurer des consultations pour dépister, dès le début de la grossesse, celles qui sont à risque, car l'absence de dépistage des pathologies, telles que le diabète, l'hypertension, met en danger la vie de la mère et de l'enfant. Des consultations spécialisées, informer clairement la parturiente, l'orienter et dépister les risques de ces pathologies permettront de réduire la mortalité materno-fœtal qui est très élevée en Algérie. Par les chiffres, cela signifie que la prévalence du diabète gestationnel est de 5 % en Algérie. Le programme national de périnatalité vise une baisse de 30 %. 25 % des décès maternels sont liés aux complications des hémorragies de la délivrance décelée durant la grossesse, ces risques d'hémorragies, tels que les saignements et l'hypertension ou les éclampsies représentent 30 % de la causes des décès, etc.Dans trois ans, une évaluation de ce programme devrait être faite, le temps est compté pour les professionnels de la santé dans les PMI et les maternités. Mais pour beaucoup de sages-femmes, ce programme ne pourra être efficace si leurs conditions de travail ne s'améliorent pas et si les pouvoirs publics n'assurent pas les moyens de son application. Pour d'autres, bannir les comportements de facilité et de négligence est impérieux pour une meilleure prise en charge de la femme enceinte et de l'enfant. F. BOUMEDIENE