Fait rare et inédit, le président d'un Etat est inculpé pour… viol. Cela arrive en Israël, où le chef de l'Etat Moshé Katzav, qui avait été élu au détriment du dinosaure de la politique israélienne Shimon Pérès, sera jugé pour ce vil chef d'inculpation. En effet, au vu des preuves dont dispose la police israélienne sur le viol et l'agression présumés de plusieurs femmes ayant travaillé pour le président de l'Etat hébreu, le conseiller juridique du gouvernement, Meni Mazouz, a inculpé mardi 23 janvier le président Moshé Katsav pour viol et autres formes d'agression sexuelle à l'encontre de plusieurs collaboratrices. Dans un communiqué rendu public, le ministère de la Justice israélien indique que “le conseiller juridique du gouvernement, avec l'accord du parquet, est parvenu à la conclusion qu'il disposait de preuves suffisantes pour inculper le président”. Il a également précisé que le conseiller juridique du gouvernement offre au président Katsav une dernière possibilité de soumettre des arguments juridiques avant la rédaction finale de l'acte d'inculpation. Il lui propose une audition au cours de laquelle Moshé Katsav sera écouté “à cœur ouvert et avec bonne volonté”. La date de cette audition n'a pas été fixée, et David Libaï, un des avocats de M. Katzav, a affirmé la veille que le président israélien “se battrait pour prouver son innocence”. Ce dernier a affirmé la veille que le président est “victime de fausses accusations et de tentatives pour le faire quitter ses fonctions”. “Démissionne !”, titrait en une le principal quotidien Yédiot Aharonot, au-dessus d'une photo du président. “Il doit démissionner (...) Comme société, nous avons le devoir de lui dire qu'il n'est plus notre président et que son portrait ne peut plus être accroché dans les écoles”, a affirmé à la radio Yossi Beilin, chef du parti de gauche laïque Meretz. Cette formation politique a commencé à recueillir les voix de vingt députés nécessaires pour réunir la commission parlementaire de la Chambre en vue d'un processus de destitution. Pour finaliser une telle procédure, sans précédent dans l'histoire d'Israël, 90 députés sur les 120 que compte la Knesset devraient l'approuver en plénière. De son côté, le président du groupe parlementaire du Likoud, Guidon Saar, est plus catégorique en déclarant : “Le président doit démissionner, un point c'est tout, et j'espère qu'il va prendre une décision en ce sens dans les heures qui viennent, faute de quoi la balle sera dans le camp de la Knesset.” En raison de son statut, Katsav ne peut être jugé qu'après destitution par le Parlement. Mais il a affirmé qu'il se retirerait de lui-même en cas d'inculpation. Il devait s'exprimer, hier, en fin d'après-midi à la présidence de l'Etat dans une conférence de presse pour annoncer probablement sa démission. K. ABDELKAMEL