Selon de nombreux observateurs de la scène sécuritaire, ce choix est loin de faire l'unanimité au sein des éléments des groupes du GSPC, notamment les plus anciens d'entre eux qui sont plutôt favorables à l'indépendance du mouvement et à “son algérianité”. L'annonce du changement d'appellation du GSPC qui porte désormais le nom “Al-Qaïda au Maghreb” constitue un tournant décisif dans la vie du mouvement salafiste créé en septembre 1988 par Hassen Hattab. Il est fort probable que cette décision prise avec une grande précipitation va accentuer davantage les divisions qui existent entre les principaux “émirs” du mouvement. Car selon de nombreux observateurs de la scène sécuritaire, ce choix est loin de faire l'unanimité au sein des éléments des groupes du GSPC, notamment les plus anciens d'entre eux qui sont plutôt favorables à l'indépendance du mouvement et à “son algérianité”. Issus ou ayant milité dans les rangs du FIS dissous, ces éléments qui occupaient des postes importants au sein du groupe salafiste et dont certains ont même participé à la création du GSPC risquent de se retourner contre le n°1 du GSPC. D'autant plus que la décision semble avoir été prise en dehors des “dispositions de la charte du GSPC” qui énonce que “toute décision qui engage l'avenir et les fondements du mouvement doit recueillir l'avis de tous les membres du conseil”. Or, le communiqué signé par Droukdel ne fait pas référence à son “Madjliss Echouri” se contentant de couvrir sa décision par “les ordres de Ben Laden”. Ce qui signifie que les structures organiques du GSPC n'existent plus et elles sont remplacées par de simples instructions ou des directives émanant d'Aymen Ezawahiri ou d'un simple autre responsable d'Al-Qaïda. Ce qui va certainement ajouter de l'eau au moulin aux opposants du clan dirigé par l'“émir” national. Par ailleurs, la mise à l'écart de l'“émir” de la zone II, Sadaoui Abdelhamid dit Yahia Abou Haytem ne serait pas seulement liée à l'argent détourné mais elle serait dictée aussi par les prises de position de l'ancien “émir”, sur le devenir du GSPC. Sadaoui voulait maintenir le GSPC dans sa sphère habituelle et refusait toute idée d'absorption totale par Al-Qaïda, rapportent nos sources qui précisent que d'autres responsables du groupe salafiste se sont alignés sur ces positions, mais ils n'ont pas pu empêcher le GSPC d'adopter le label d'Al-Qaïda. Par ailleurs, cette décision donnera à réfléchir aux éléments de soutien de ces groupes qu'on peut trouver un peu partout dans les villes et campagnes. Il faut s'attendre donc à une implosion du GSPC plutôt qu'à son renforcement comme tentent de le faire croire les dirigeants du GSPC. Des mouvements de récession ne sont pas à écarter comme cela a été le cas à l'ouest du pays où le groupe HDS “Houmat daâwa salafia” a carrément annoncé son divorce avec le GSPC à cause de la “conduite en solo” de Droukdel qui rêve de ressembler à Al-Zarqaoui. Le type d'attentat commis à l'irakienne l'année dernière dans la wilaya d'Alger conforte cette thèse. Les éléments de ce groupe auraient refusé de faire de la figuration au sein d'un mouvement qu'ils ont eux-même développé. Le groupe ne vit que grâce à la guerre en Irak, son seul fonds de commerce. “Sans cette guerre, il y a longtemps que le GSPC aurait été anéanti”, affirme un officier de la DGSN, spécialiste du GSPC. Et c'est la poursuite de cette guerre avec sa panoplie d'exactions commises en Irak et ailleurs qui a dopé les terroristes et aiguiser leur détermination. C'est pour aller combattre en Irak que les jeunes rejoignent le GSPC très affaibli par les coups qui lui ont été assénés par les forces de sécurité. L'autre explication qui a motivé la décision du GSPC est le fait que l'histoire du GSPC reste toujours liée à Hassan Hattab son fondateur. Ainsi, Droukdel ne peut rater une si belle occasion pour se débarrasser d'une appellation qui lui rappelle le nom de son ennemi n°1. Celui qui a demandé aux groupes armés de déposer les armes, d'accepter la Charte pour la paix et la réconciliation. M. T.