L'argent du racket divise, voire mine le GSPC. C'est du moins le constat établi après la mise à l'écart, ainsi que la mise en détention dans un maquis terroriste à Boumerdès de l'“émir” de la Zone II, Saâdaoui Abdelhamid dit Yahia Abou El-Haytem, et son remplacement par le numéro 3 du GSPC, en l'occurrence Touati Othmane dit Abou Abbas. À l'origine, l'ancien “émir” Saâdaoui est accusé par ses pairs de détournement du butin. Selon des sources crédibles, les déboires de l'ex-“émir” ne vont pas se limiter à cette “sanction” où il perd sa qualité de chef terroriste. Il sera bientôt jugé pour le chef d'accusation de “détournement et vol” ce qui va lui coûter l'amputation de la main droite ou la mort par pendaison, ajoutent nos sources. Sur ordre d'Abdemalek Droukdal alias Abou Moussaâb Abdel Ouadoud, “émir” national du GSPC, le nouvel “émir”, originaire de Aïn El-Hamra (Bordj Menaïel), d'où est également originaire Abdelhamid Saâdaoui, est chargé de comptabiliser tous les détournements commis par l'ancien “émir”. Selon nos sources, même les hommes de main de l'ex-“émir” déchu, un certain Ali Dis dit Abou Dahdah, originaire de Kadiria, et le trésorier de la zone II Abou Djafar originaire de Boudouaou auraient été tous deux entendus par le nouvel “émir”. Outre l'argent qu'il aurait détourné, on reproche également à Saâdaoui de s'être enrichi, bien entendu illégalement, en disposant en un laps de temps de plusieurs locaux commerciaux dans la wilaya de Boumerdès inscrits au nom de ses proches. On parle ainsi de plusieurs milliards de centimes demeurés injustifiés. Cet argent provient surtout des opérations de racket et de cambriolages de structures financières (banques, postes). Mais, il n'y a pas que les problèmes d'argent qui pèsent, comme charges, sur lui puisqu'on lui reproche surtout de ne pas avoir alimenté régulièrement les maquis en armes et en munitions. Et dans le même sillage, on lui impute l'échec de l'opération de transfert d'armes et d'explosifs déjouée par l'ANP, il y a un peu plus de trois mois dans la région de Berriane dans le Sud algérien où les quatre terroristes chargés de cette opération, originaires de la wilaya de Boumerdès, ont été éliminés. Mais, les ennuis de l'ex-“émir” de la zone II ont commencé lorsque plusieurs chefs de seriate l'ont accusé d'immobilisme et de ne s'intéresser qu'à l'argent, alors que l'entourage de A. Droukdal, l'“émir” national, voyait de mauvais œil “l'indépendance démesurée” de la zone II dont la gestion commençait à échapper au “bureau national”. D'ailleurs, selon des repentis qui étaient proches du sommet de l'organisation, Saâdaoui agissait en électron libre et ne se souciait guère des décisions qui venaient d'en haut, puisque tout l'argent du GSPC passait par lui. Face à cette situation qui suscitait la colère d'autres chefs terroristes qui lui reprochaient de “détenir trop de pouvoirs”, il a été décidé de le neutraliser, afin de récupérer le butin. C'est sur cette base que l'“émir” national a pris soin de ne pas “mouiller d'autres responsables de la zone II” pour accentuer l'isolement de Saâdaoui et pour éviter des scènes de rébellion au sein des différents groupes terroristes, notamment des deux importantes katibate, katibat El-Feth, katibat El-Ansa, et katibat El-Farouk. De nombreux chefs de sériate ont également enfoncé leur ex-chef. Par ailleurs, et selon d'autres observateurs de la scène sécuritaire, la décantation qui s'opère au GSPC, est d'abord la conséquence du changement de stratégie de cette organisation qui veut durcir son mode de fonctionnement, afin de ressembler à Al-Qaïda. Ensuite, il y a lieu de noter l'intensification de la lutte antiterroriste qui a déstabilisé même les plus radicaux des éléments du GSPC M. T.