La direction générale de la Sûreté nationale a organisé hier une cérémonie de commémoration du onzième anniversaire de l'horrible attentat du boulevard Amirouche à Alger qui avait été perpétré par le GIA et revendiqué à partir des Etats-Unis par Anouar Haddam. Il y a onze années, le 30 janvier 1995, un attentat à la voiture piégée, qui visait le Commissariat central du boulevard Amirouche d'Alger, faisait plus de 40 morts et près de 300 blessés. Pour que nul n'oublie, hier, dans la matinée, des familles des victimes de cet acte barbare, revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA) démantelé en 2004 par les forces de sécurité, ont organisé une cérémonie de recueillement sur les lieux mêmes de l'attentat commis la veille de Ramadhan. “Le pardon est une chose, l'oubli en est une autre”, a déclaré Karima Sami qui est à l'origine de cette initiative en collaboration avec la direction générale de la Sûreté nationale. “J'ai adressé une lettre à la DGSN, pour cette commémoration, qui m'a répondu positivement. Cette action n'a rien de politique et ne vise qu'à faire rappeler aux Algériens ce que leur pays a vécu”, a affirmé cette jeune femme qui dit avoir perdu, dans cet attentat, sa meilleure amie qui était accompagnée de sa sœur jumelle, “les deux sœurs sont mortes”. Les familles des victimes, une vingtaine tout au plus, étaient représentées surtout par les femmes, parmi lesquelles certaines, portant le portrait de leurs proches, morts lors de cet attentat, ne pouvaient s'empêcher de pleurer. À ce devoir de mémoire, ont pris part des officiers de la Police nationale. Une gerbe de fleurs a été déposée à l'endroit même où la voiture bourrée d'explosifs avait foncé sur le Commissariat central. Au même moment où un bus bondé de passagers était bloqué dans la circulation. C'est parmi ces derniers que se compte le nombre le plus important de victimes. Il faut rappeler que cet attentat qui a été perpétré à la veille du mois sacré du Ramadhan a soulevé l'émoi général de la population. Les islamistes qui avaient juré de mettre le pays à feu et à sang n'avaient pas hésité à massacrer enfants et vieillards. Anouar Haddam, autoproclamé président de l'instance parlementaire du FIS à l'étranger, avait choqué les Algériens. À partir des Etats-Unis, il n'avait pas hésité à justifier le nombre de victimes en évoquant “la malchance”. Il avait en effet déclaré au journal El Hayat paraissant à Londres que “l'attentat était dirigé contre le Commissariat central d'Alger, (…) C'est par malchance que le nombre de victimes est aussi grand, car l'explosion a coïncidé avec le passage d'un bus”. Cet attentat a été le premier d'une série de massacres à la voiture piégée ciblant plusieurs quartiers de la capitale causant des dizaines de morts et de blessés. La violence islamiste s'est ensuite étendue jusqu'aux bourgs les plus éloignés du pays profond où des centaines d'Algériens ont été tués à coups de hache, puis brûlés sans que la communauté internationale, qui avait découvert au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le visage réel de l'islamisme, ne condamne le terrorisme. Samir Benmalek