Anouar Haddam pourrait prochainement rentrer en Algérie - samedi prochain ? - à l'invitation, écrit-il dans un communiqué, de Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et secrétaire général du FLN. Ce dernier a « démenti » à notre journal l'avoir personnellement contacté, relevant toutefois qu'il a lancé un appel aux dirigeants du FIS pour qu'ils se mettent « en conformité » avec « la charte pour la paix et la réconciliation ». Ce n'est pas tellement ce couac aux accents diplomatiques qui nous intéresse, mais le fait que l'autoproclamé président de « la délégation parlementaire du FIS » décide de revenir au pays, la conscience tranquille, sûr de recouvrer ses droits, n'attendant même pas pour cela la promulgation des textes d'application de la charte. Son assurance est telle qu'il va jusqu'à demander à ce que le « grand pardon » soit également accordé à Abassi Madani et à Ali Benhadj, ce dernier, rappelons-le, sous le coup d'une grave accusation du ministère de l'Intérieur de « préparation d'attentats ». Pour mémoire, Anouar Haddam a revendiqué l'horrible attentat commis le 31 janvier 1995 à Alger en plein boulevard Amirouche faisant 38 morts et 256 blessés. Il avait qualifié l'assassinat de Djilali Liabes de « sentence » et justifié les exécutions des intellectuels et des journalistes. Quittant clandestinement l'Algérie, il s'était réfugié aux Etats-Unis où il eut divers déboires avec les tribunaux américains. Un juge français devait l'inculper suite aux différents attentats à l'explosif qui ont secoué Paris en 1995. Une plainte a été déposée contre lui, il y a dix ans, par l'Association de soutien aux familles victimes du terrorisme (ASFVT) et le RAFD, prise en charge aux USA, mais sans suite, par l'International Women Human Law. Voilà donc un des théoriciens et commanditaires du terrorisme qui a de bonnes chances, voire toutes les chances de fouler le sol algérien qu'il a quitté rouge de sang et inondé de larmes pour prendre non pas la direction d'un tribunal pour répondre de ses actes et prises de position, mais celle de son domicile afin d'y couler des jours heureux. Exactement comme Hattab, l'ex-chef du GSPC, en position d'attente lui aussi du règlement de son futur statut, dont l'alchimie de la « charte pour la paix et la réconciliation » pourrait le faire basculer de bourreau à victime.