«La justice algérienne entamera les procédures pour une demande d'extradition». L'ancien président de la délégation parlementaire à l'étranger du FIS dissous, Anouar Haddam, vient de se manifester par une autre action politique après «le vacarme» qu'il a provoqué juste avant son retour avorté, il y a quelques mois. En signant la pétition, Haddam vient de s'auto-exclure des faveurs de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Des sources judiciaires rapportent qu'«une fois la période de grâce, estimée à six mois, dépassée», celui qu'on présentait comme du Groupe islamique armé (GIA), «tombera sous le coup de la loi et la justice algérienne entamera les procédures auprès des autorités américaines pour une demande d'extradition». La problématique des extraditions étant presque à sa fin, «le cas de Anouar Haddam ne posera en principe aucun souci pour la justice algérienne» ajoutent les mêmes sources précisant que «les relations et la collaboration étroite en matière de justice entre les Etats-Unis et l'Algérie joueront pour beaucoup dans cette affaire si la procédure est entamée par les autorités algériennes». Depuis plus de deux années, les magistrats algériens ont sillonné plusieurs pays du monde pour négocier les accords d'extradition. L'épisode la plus spectaculaire de cette «tournée mondiale» a été la Grande-Bretagne où des négociations des plus ardues ont eu lieu entre les deux pays. A l'exception de Kamer Eddine Kherbane, membre fondateur du FIS dissous, aucune autre grosse pointure de ce parti ne s'est manifestée sur la liste de cette pétition. Ni Abassi Madani ni Rabah Kebir ou Zaoui n'ont apposé leur griffe sur ce document dont les premiers signataires ont été Hocine Aït Ahmed, Lahouari Addi, Sihem Bensedrine (Conseil national pour les libertés en Tunisie), François Gèze (éditeur), Ghazi Hidouci ex-ministre de l'Economie, Alain Lipietz (député européen), Adolfo Perez Esquivel (Prix Nobel de la paix), Abdelhamid Brahimi, ancien Premier ministre, Mohamed Harbi et Mohammed Samraoui. Avec cette signature, Anouar Haddam a encore une fois signé son interdiction de fouler le sol du pays. Le 23 mars dernier une pétition portant le titre «Algérie: contre l'auto-amnistie, oui à la justice, non à l'impunité!», a dénoncé le processus de réconciliation entamé par les autorités algériennes et qui a permis la libération de milliers d'islamistes. La première tentative de regagner l'Algérie n'a pas été fructueuse pour le signataire du contrat de Rome en janvier 1995, au nom l'ex-FIS. Pourtant, tout était prêt pour son retour. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, y a mis du sien. Il a mobilisé tous ses relais médiatiques et diplomatiques, pour faciliter ce retour. Sur les ondes de la radio Chaîne II, Belkhadem confirme qu'il était en contact avec lui. Cependant, le représentant contesté de l'instance exécutive du FIS à l'étranger a «fait trop de bruit sur son come-back ». Un bruit qui fait peur même à ses anciens alliés du GIA. «Il aurait dû rentrer sans tout ce vacarme et sans exploiter ces faits politiquement», a reproché l'ex-émir de Jijel Madani Mezrag aux forts moments de la polémique sur le retour de Haddam. Avant même son arrivée à Alger, Haddam multiplie les maladresses et les déclarations. Il fait monter les enchères. Annonçant son retour, il affirme dans son premier communiqué: «Je serai en Algérie samedi 29 octobre, et le lendemain, dimanche 30 octobre à 11h précises, je donnerai une conférence de presse.». Se plaçant en personnalité politique incontrôlable pour la paix, Haddam ajoute dans son document: «Ce qui me pousse aujourd'hui à répondre favorablement à l'invitation qui m'a été faite, malgré l'état d'urgence et les périls sécuritaires induits par les équilibres nationaux actuels et liés aux clans éradicateurs, est que je considère comme le minimum requis pour démontrer notre disponibilité à participer activement et de manière libre à l'effort de paix nationale.» De tels propos n'ont pas été du goût des autorités officielles. Par le biais de l'ambassade d'Algérie à Washington, il lui a été signifié que son retour au pays est indésirable. Avec ce «ratage», Haddam rajoute à sa collection une autre tare. Déjà qu'il traîne le boulet de l'attentat du boulevard Amirouche qu'il aurait revendiqué et salué. Pour la mémoire, cet acte terroriste a été perpétré le 13 janvier 1995. Au lendemain de l'attentat qui avait coûté la vie à 42 personnes, Anouar Haddam, alors exilé aux Etats-Unis, aurait salué l'acte dans une déclaration.