Les dernières mesures protectionnistes, aussi bien réglementaires qu'opérationnelles, prises par les Douanes nationales et le ministère des Finances viennent de faire de nouveaux mécontents. Il s'agit des élus de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tébessa (APW). Les élus de l'APW de la wilaya de Tébessa, réunis en session ordinaire mercredi dernier au siège de la wilaya, ont décidé de suspendre leurs travaux programmés pour cette session jusqu'à aujourd'hui. À travers ce débrayage d'un nouveau genre, les élus comptent protester contre les dernières dispositions prises dans le cadre de la lutte contre la contrebande, aux lisières frontalières, qui ne cesse de menacer l'économie nationale. Depuis l'entrée en vigueur de la décision faisant de l'ensemble du territoire de la wilaya de Tébessa une circonscription douanière, la contrebande du cheptel a diminué mais, en parallèle, la protestation des acteurs de toute une économie souterraine et illicite n'a pas cessé de prendre de l'ampleur. Le pic a été atteint la semaine dernière à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des douanes quand des émeutes se sont déclarées depuis le souk hebdomadaire de Chréa, pour se propager à l'ensemble des artères de la ville. Plusieurs symboles de souveraineté furent ciblés par des dizaines de jeunes en furie. Selon des sources proches de l'Assemblée, le collectif des élus aurait saisi le ministre des Finances et la direction générale des douanes pour demander l'allégement des décisions faisant de toute la région de Tébessa une circonscription douanière où tout transport ou déplacement de denrées alimentaires (semoule) et cheptel est soumis à une autorisation préalables des services concernés. Selon ces élus, ces mesures auraient eu des impacts négatifs qui ont touché, et en profondeur, uniquement les petits éleveurs des régions enclavées. Les mêmes sources rappellent que “60% de la population rurale des communes de Chréa, Bir Mokadem, El-Ogla, Guer, Bedjen, vivent uniquement de leur cheptel qui leur offrait lait, laine, viande et seul un petit surplus du cheptel est destiné à la vente”. Toujours selon les élus locaux, “les malheureux éleveurs sont entre deux feux ; la rigueur des lois n'autorisant le déplacement que d'une seule tête de bétail (ovin, bovin, caprin) et la voracité des spéculateurs qui profitent de ces restrictions pour les pousser à brader leurs seules richesses”. Au vu de la difficile conjoncture actuelle dans laquelle vivent plusieurs familles d'éleveurs, les spéculateurs leur proposent des bas prix surtout pour les agneaux très estimés ailleurs et au-delà de la frontière. “Les éleveurs, pour subvenir à leurs besoins quotidiens, ne peuvent que céder aux contrebandiers”, plaident les élus. Rappelons par la même occasion que les deux dossiers qui ont été programmés pour la 4e session ordinaire de l'APW, prévue pour le 31 janvier dernier, sont ceux de l'agriculture et de l'emploi. Hafid Mâalem