Au deuxième jour du séminaire sur les “relations entre la presse et le Parlement”, organisé conjointement par la Conférence nationale des législations d'Etat (organisme américain) et l'APN, une confrontation d'appréciation sur la communication institutionnelle et les écrits de presse a opposé élus nationaux et journalistes. Naturellement, les députés (notamment ceux du FLN) ont accusé les représentants de la presse algérienne de manquer de professionnalisme et de mal répercuter l'information. Un confrère d'un quotidien arabophone a alors riposté en rappelant à ces élus à ne communiquer que sous le sceau de l'anonymat, n'assumant guère leurs déclarations, et à donner souvent des informations fausses ou tronquées. Ce qui ne permet nullement au journaliste de publier un article inattaquable. À ce titre, le directeur de publication du quotidien El Khabar, M. Ali Djerri, a exposé le problème de la difficulté d'accès à l'information dont souffrent inexorablement les médias nationaux. “On ne peut parler de liberté de presse et d'expression sans un réel accès à l'information. C'est un droit qu'il faut valoriser”, a-t-il insisté. Mme Sharon Weston Broome, sénatrice de l'Etat de Louisiane (Etats-Unis), a évoqué l'importance d'informer les citoyens et les médias de manière régulière et constante, à travers notamment les sites Internet, les annonces et les médias. “Le Parlement a tout intérêt à communiquer largement”. Au député MSP, qui se plaignait de la précarité du statut de parlementaire algérien lequel ne permet même pas d'avoir un assistant, la sénatrice a rétorqué qu'il “faut travailler et communiquer avec les moyens dont chacun dispose à son niveau”. Tim Hoover, journaliste au journal américain Kansas City Star, a livré sa propre expérience dans l'accès à l'information dans son pays. Il a affirmé que les sites Web des institutions gouvernementales constituent, pour lui et ses confrères, d'inestimables sources d'information. Pour lui, l'essentiel est de ne pas se fier à une source sans vérifier l'information qu'elle fournit par une autre source. En écoutant les députés reprocher aux journalistes algériens de ne pas être totalement objectifs dans leurs écrits, Tim Hoover a souligné que même aux Etats-Unis, il existe une mauvaise conception de l'objectivité, qui ne saurait être totalement atteinte. “Il est impossible d'être objectif à 100%, ne serait-ce que dans le choix de l'article mis en une et le titre qui lui est donné. Le but est de rester juste et honnête et d'entendre tous les sons de cloche”, a-t-il conclu. Ali Ouafek, directeur de publication du quotidien Liberté, est intervenu, dans l'après-midi, sur les outils de communication avec la presse. Il a parlé des “rôles parallèles, mais néanmoins complémentaires” qu'assument les parlementaires et les journalistes. Il a affirmé que les uns représentent les citoyens dans une institution élue afin de défendre leurs intérêts, tandis que les seconds informent ces mêmes citoyens sur ce qui se passe au Parlement et dans le pays d'une manière plus générale. Le responsable de la publication de Liberté a estimé que l'information est une arme lourde et stratégique qui détermine l'évolution d'un pays. Quant à la presse pluraliste, tant critiquée par les parlementaires, Ali Ouafek a soutenu qu'elle est certes jeune, mais parfaitement professionnelle. “Parce qu'elle concourt à enraciner la liberté d'expression et la démocratie en Algérie, elle est citée en exemple dans la région et le monde arabe”, a-t-il rappelé. Souhila H.