Les soupçons d'Interpol sur l'existence d'une filière marocaine de la cocaïne se sont avérés fondés. Au début du mois de février, suite à une alerte d'Interpol, la Police judiciaire a mis la main sur des membres d'un réseau local de trafic de cocaïne d'origine colombienne. Deux généraux marocains sont impliqués dans le trafic basé dans les territoires occupés du Sahara occidental, selon le journal espagnol La Razon. Selon l'information d'Interpol qui a alerté les autorités marocaines, la drogue est débarquée soit sur les côtes sahraouies ou directement transvasée des bateaux de marchandise vers les bateaux de pêche. Les perquisitions menées sur ordre du roi ont permis à la police de trouver la drogue dans un conteneur appartenant à une société dont le propriétaire est un général de l'armée royale qui est aussi actionnaire dans plusieurs entreprises de pêche. Ce qui explique, peut-être, la réaction passive des autorités qui gèrent cette région en constante tension. La police a confisqué en tout 112 conteneurs et recherche d'autres convois de cocaïne en provenance de Colombie cachés quelque part dans la région de Dakhla ou sur les bateaux de pêche. Le principal suspect est une société qui possède une trentaine de bateaux congélateurs appartenant au général Bennani, inspecteur général des FAR, Housni Benslimane responsable de la gendarmerie royale et Abdelhak Kadiri ex-responsable du service de renseignement et conseiller militaire proche du roi. Les conteneurs saisis appartiennent à Bennani. Cette filière est rendue possible grâce à la corruption des responsables et des officiers de l'armée et de la police ainsi que leur connexion avec les réseaux rodés du trafic de cannabis. Secoué, le palais royal a été dans l'obligation de réagir vite, tout au moins pour sauver la face. Et de faire tomber quelques têtes. Parce que son avenir aussi est mis en jeu. Menace d'autant plus que le risque d'une alliance entre les trafiquants de drogue dirigés par les hauts responsables militaires et les réseaux islamistes est plausible. Cette affaire a démontré enfin que le palais royal n'a aucune autorité sur les territoires sahraouis qu'il occupe depuis 1975 alors qu'il y déploie toute une armée pour réprimer opposants et manifestants autochtones. Djilali B.