Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur avait indiqué récemment que le recours à l'explosif était une preuve de faiblesse des terroristes. En commettant la série d'attentats à l'explosif avec une simultanéité surprenante sur un rayon de plus de 100 kilomètres, l'ex-GSPC, devenu la branche d'Al-Qaïda pour le Maghreb est-il entré définitivement dans la logique de l'organisation terroriste internationale dont l'action repose nettement sur ce type d'opération ? Même si le procédé n'est pas nouveau chez cette organisation terroriste, ce recours intensif aux véhicules piégés démontre, encore une fois, que la capacité de nuisance des groupes armés demeurant en activité est loin de s'estomper. Ces actes criminels, apparemment préparés avec minutie, font en tout cas craindre le pire car, faut-il le dire, comment les terroristes ont-ils pu agir avec autant de facilité pour atteindre des structures de sécurité alors que des mesures tendant vers plus de vigilance auraient dû être prises après les attentas de Réghaïa et Dergana. Est-ce à dire que ces avertissements de l'ex-GSPC n'avaient pas été pris au sérieux ? Si les interrogations sur cette série d'attentats à l'explosif demeurent pour le moment sans réponse, cette manière d'agir s'apparente beaucoup plus à une démonstration de force d'une organisation terroriste traversée par des divisions et turbulences depuis l'application des mesures afférentes à la Charte pour la paix et la réconciliation. En novembre dernier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales avait affirmé que le nombre de terroristes a baissé d'environ 750 à 800, entre prisonniers, tués et repentis, depuis le référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, en septembre 2005. Le ministre estimait, à ce propos, que c'était “une perte énorme pour eux (les groupes armés, ndlr)”. Un bilan qui se voulait “rassurant”, et qui sonnait, à cette période, comme une réponse aux attentats aux camions piégés perpétrés dans la banlieue d'Alger et revendiqués par le GSPC. Tentant de décortiquer ces attaques terroristes, le ministre de l'Intérieur considérait que “ce sont ceux qui ont été exclus par la charte et qui sont les auteurs des attentats et des viols à qui on a affaire”. Pour lui, le recours aux explosifs est la preuve d'une faiblesse des groupes terroristes. Soit. Mais, les groupes armés, qui sont en perte de vitesse dès lors que le discours salafiste ne prend plus au sein de la société, savent que ce procédé autant qu'il soit spectaculaire possède une portée médiatique plus importante. Nous savons aussi que depuis l'avènement de la violence en Algérie, les groupes armés ne se sont jamais embarrassé de lâcheté pour faire parler d'eux. Et aujourd'hui qu'ils se sont mis sous la bannière d'Al-Qaïda, tout porte à croire qu'ils sont prêts à se plier en quatre pour satisfaire les “exigences” d'Al-Zawahiri. Cette série spectaculaire d'attentats vient également après les déclarations tenues récemment à Tunis par le ministre délégué aux Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia. Celui-ci considérait, en effet, que le GSPC “est en voie d'être mis hors d'état de nuire en Algérie et ne constitue pas véritablement un danger pour les pays du Maghreb ni pour la France”. Le n°2 de l'Intérieur est allé même jusqu'à affirmer, à propos du groupe armé, que “allié d'Al-Qaïda ou pas, c'est un mouvement qui tend à être éradiqué en totalité et ne pose pas de problèmes en termes de menace importante.” Les derniers évènements tragiques, qui ont secoué les wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou, sont-ils une preuve que la capacité de nuisance de l'organisation terroriste est sous-estimée ? Les prévisions concernant les conséquences de son allégeance à Al-Qaïda n'ont pas été celles que l'on attendait pour le moment. Officiellement, on pensait que cette allégeance du GSPC à Al-Qaïda “va lui causer beaucoup plus de tort qu'elle ne va lui apporter de bénéfice”, comme le faisait remarquer Ould Kablia. Dans une région qui constitue aujourd'hui son principal fief, le GSPC tente le forcing en voulant démontrer qu'il peut frapper là où il veut et quand il veut. Mais il faut dire que l'attentat à la bombe est imparable. Seule la destruction des laboratoires de fabrication des engins de la mort est à même d'arrêter le massacre. Mais, une chose est sûre, lorsque les terroristes commencent à frapper dans leurs propres fiefs, c'est que la fin n'est pas pour longtemps. On l'a déjà vu avec le GIA. H. S. Lire la suite en cliquant ici