L'avancée des forces américaines sur la capitale irakienne a été retardée, hier, par des nuées de sable. Le matériel de guerre de l'armada US n'arrivait plus à progresser dans le désert balayé par la tempête. Le cinquième régiment de la première division des marines, comprenant 6 000 soldats, “filant” depuis dimanche sur la capitale irakienne, avec son convoi composé de centaines de chars et de véhicules amphibies et de camions de sept tonnes transportant des approvisionnements vitaux en carburant, nourriture et munitions, a vu, hier, sa progression stoppée par une violente tempête de sable. C'est le genre d'imprévus, qui obligent les stratèges du Pentagone de revoir leurs plans de bataille. Et comme la bataille de Bagdad revêt une importance particulière pour l'armada dirigée par le général Tommy Franks, il est facile de deviner les perturbations que peut provoquer ce retard dans la progression des troupes. Plus au Sud, les alliés ont finalement pu occuper la ville d'Oum Qasr, à en croire le commandement britannique. Il a fallu six jours aux forces coalisées pour venir à bout de cette ville, dont la moitié est située sur le territoire koweïtien. A Nassiriyah, les troupes américaines ont réussi à traverser l'Euphrate en dépit d'une vive résistance irakienne. Le convoi a été harcelé par des groupes de soldats irakiens mobiles. Il a fallu l'intervention des bombardiers et de l'artillerie américaine pour faciliter le passage du convoi, composé d'environ 150 blindés de transport de troupes. Selon les témoignages, de nombreux cadavres d'Irakiens, sans qu'il soit possible de dire s'il s'agissait de civils ou de militaires, jonchaient la route. A Bassorah, les troupes alliées tentaient de renforcer leurs positions, notamment du côté de l'aéroport de cette ville. Les soldats américano-britanniques étaient encore hier aux portes de Bassorah qu'ils encerclent, sans toutefois y pénétrer, devant la très forte résistance opposée par les militaires irakiens, notamment la cinquante et unième division. Pour rappel, les alliés avaient annoncé la reddition de cette division composée de huit à dix mille hommes au lendemain du déclenchement des hostilités. Les stratèges US, qui avaient dans un premier temps opté pour un contournement des villes, ont changé leur tactique en décidant l'occupation de Bassorah, particulièrement considérée comme un “objectif stratégique et politique”. Côté perte, les Britanniques reconnaissent la mort… d'un seul soldat et la disparition de deux autres à la suite d'une embuscade qui leur a été tendue dans la ville de Zubaïr. Les Irakiens annoncent que les bombardements sur Bagdad et les autres villes ont fait 16 morts et 95 blessés parmi les civils. Essahaf, le ministre irakien de l'Information, a affirmé que les forces de son pays ont abattu trois hélicoptères, détruit trente véhicules militaires et tué huit soldats “ennemis”. Au Nord, Kirkouk a subi des bombardements ininterrompus pendant vingt-quatre heures, selon les témoignages, et la région a résonné aux explosions des bombes. Ce pilonnage incessant laisse supposer, selon les spécialistes, l'ouverture prochaine d'un autre front au nord. K. A. Bassorah Bombes à fragmentation et crise humanitaire Des bombes à fragmentation ont été larguées lundi soir sur un quartier résidentiel dans la ville de Bassorah (sud de l'Irak), autour de laquelle les combats se sont poursuivis durant la nuit de lundi à mardi, a rapporté le correspondant de la télévision satellitaire qatarie Al Djazeera sur place. Le correspondant, qui a montré un petit cercle argenté présenté comme le fragment d'une bombe, a précisé que ces bombes avaient été larguées vers 21h30 locales (18h30 GMT). Le correspondant n'a pas signalé de victimes. Grande cité pétrolière irakienne, Bassorah se trouve à environ 500 km au sud-est de Bagdad. Les quelque 1 200 000 habitants de Bassorah sont menacés par une crise humanitaire en raison de coupures dans l'approvisionnement en eau et des violents combats, a indiqué, lundi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).