À dix jours du premier tour, Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen se disputent les voix des électeurs d'extrême droite ainsi qu'un électorat populaire sensible aux questions de l'immigration perçue comme à l'origine de la crise du marché du travail et de l'insécurité. Le dauphin par défaut de Jacques Chirac cherche, au-delà probablement de ses propres positions sur ces sujets, à conforter son avantage du premier tour et s'assurer d'un bon report au second. Le président du Front national joue son va-tout car, pour lui, c'est la dernière chance. Septuagénaire, il ne pourra même plus pouvoir figurer dans le casting des prochaines présidentielles. C'est qu'il monte en puissance dans les sondages. “Je constate une remontée de Jean-Marie Le Pen de trois points en quinze jours suite aux violences dans le RER”, gare du Nord à Paris, souligne le directeur de CSA Opinion, pour qui le président du FN est passé de 13% à 16%. Conscient de l'attraction exercée par Nicolas Sarkozy chez ses propres ouailles, Le Pen, en fin tacticien, s'efforce de donner l'impression d'être le principal rival du candidat de l'UMP. Il a d'abord défié l'ex-ministre de l'Intérieur en se rendant le 6 avril sur la dalle d'Argenteuil, la banlieue du Val-d'Oise où Nicolas Sarkozy n'est pas retourné comme il l'avait envisagé après s'en être pris, à l'automne 2005, aux “racailles” promettant de nettoyer au " Kärcher les cités où s'entassent les immigrés et Français d'origine du Sud. Là, le porte-parole de la xénophobie et du racisme a pris son monde à revers en annonçant : si Sarkozy veut kärchériser pour vous exclure, moi, je vais vous aider à sortie de ces ghettos de banlieue ! L'offre n'est tombée dans les oreilles de sourds, puisque de nombreux immigrés et enfants d'immigrés ont dit être tentés par Le Pen, ne serait-ce que pour avoir non pas la copie sarkozyste mais l'originale. Dans un second temps, le candidat du FN s'en est pris aux origines hongroises du chef de la droite UMP. “C'est un candidat qui vient de l'immigration, moi, je suis un candidat du terroir”, a-t-il lancé. Oui, je suis un enfant d'immigré, lui a rétorqué Sarkozy, mais dans ma famille, on aime la France parce que l'on sait ce que l'on doit à la France. D. B.