Nicolas Sarkozy et Jean-Marie le Pen se sont livrés à une bataille verbale acharnée. Le débat sur la question de l'identité nationale et de l'immigration n'est pas encore clos. À moins de onze jours du premier tour, la polémique entre les candidats reprend de plus belle. Néanmoins, cette fois-ci, elle s'est limitée aux deux leaders du courant de la droite sans l'implication de la gauche. Nicolas Sarkozy et Jean-Marie le Pen se sont livrés à une bataille verbale acharnée. La classe politique assiste à un véritable duel entre deux hommes ayant des visions similaires. Jean-Marie le Pen trouve du plaisir à s'attaquer à son rival. Hier encore, Le Pen est revenu sur les écrans de télé pour commenter les déclarations du candidat de l'UMP. Le candidat de l'extrême droite a jugé qu'il n'était ni de «bon goût» ni «moral» de la part de Nicolas Sarkozy de briguer l'Elysée tout en revendiquant ses origines étrangères. «Compte tenu de la particularité du chef de l'Etat, je ne suis pas absolument sûr qu'il soit de bon goût de se présenter à ce poste quand on n'est pas représentatif du peuple qu'on prétend représenter», a-t-il déclaré. Il y a lieu de rappeler, qu'en réponse aux attaques de Le Pen, Nicolas Sarkozy a revendiqué, mardi dernier, son statut d'«enfant d'immigrés» à qui «la France a tout donné». Plus sûr que jamais de ses ambitions, le candidat de la majorité de la droite n'a pas froid aux yeux en révélant ses origines. «La France m'a tout donné et c'est pour cela que je veux tout lui donner à mon tour», a lancé Sarkozy devant plus de 10.000 personnes à Tours. S'adressant directement à Le Pen, Sarkozy dira «être président de la République tel que je le conçois, c'est une ascèse, c'est l'oubli de soi, la mise entre parenthèses de son bonheur personnel, de ses sentiments, de ses intérêts pour ne plus avoir en tête que le bonheur des Français, le prestige de la France, la grandeur de l'Etat et le bien commun.» Dimanche dernier, le candidat du Front national (FN) s'était posé en «candidat du terroir» face à Nicolas Sarkozy, «candidat issu de l'immigration». Le candidat de l'extrême droite est allé même loin dans ses propos. «Il me semble que le président de la République est un homme dont la fonction implique une incarnation de la nation et du peuple (...) J'estime que j'incarne mieux le peuple français que Nicolas Sarkozy», a-t-il dit. Le Pen a même approuvé le système américain, dans lequel ni le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, ni l'ancien secrétaire d'Etat, Henry Kissinger, n'avaient «pu être candidats à la présidence», puisque nés hors du sol américain. Par ailleurs, trois jours après le lancement de la campagne officielle, ces derniers se disputent âprement les voix des électeurs d'extrême droite de 2002 ainsi qu'un électorat populaire sensible aux questions d'immigration. Le candidat de l'UMP semble vouloir conforter son avantage du premier tour et s'assurer d'un bon report au second tandis que le président du Front national, qui monte en puissance dans les sondages, paraît prêt à jouer son va-tout. Conscient de l'attraction exercée par Nicolas Sarkozy dans son propre camp, Jean-Marie le Pen est passé à l'offensive en s'efforçant de donner l'impression d'être le principal rival du président de l'UMP. Enfin, et selon un sondage publié hier, Nicolas Sarkozy l'emporterait au second tour de la présidentielle avec 53,5% des voix (-0,5) face à la socialiste Ségolène Royal, créditée de 46,5% (+0,5). Le sondage indique qu'au premier tour, le candidat UMP arrive toujours en tête des intentions de vote avec 30% (-0,5) devant Mme Royal à 23,5% (+0,5) et François Bayrou (UDF, 19% (-0,5). Jean-Marie le Pen (FN) reste à 13,5% (+0,5). Si le second tour opposait les candidats UDF et UMP, c'est François Bayrou qui l'emporterait par 53,5% contre 46,5%. Tandis que 16% des personnes, certaines d'aller voter, mais n'exprimant pas d'intention de vote dans cette hypothèse.