Durant tout le week-end, les Oranais ne se sont pas départis du choc des attentats kamikazes qui ont frappé les Algérois ce 11 avril. Les yeux et la tête pleins des images horrifiantes qu'ils ont découvertes sur les chaînes de télé satellites et, dès le jeudi matin, à la une de tous les titres de la presse nationale, notamment les quotidiens nationaux tels que Liberté, Echourrouk où encore le Quotidien d'Oran… À 10h du matin, ces titres ont été épuisés dans la majorité des kiosques de la ville. Comme au pire moment des années 94-95, les Oranais ont immédiatement réagi, mus par un réflexe de survie, tous leurs sens en appel. Dans la rue, au niveau des lieux publics habituellement fréquentés comme les marchés, les grandes surfaces et surtout aux abords des institutions et des administrations, les Oranais sont sur le qui-vive, le regard furtif balayant les moindres recoins, alors que d'autres n'hésitent pas à se renseigner et demander quelle attitude avoir si l'on trouve un paquet suspect. Des étudiants nous ont demandé s'il fallait laisser les chauffeurs de bus fouiller les usagers… D'ailleurs, dès ce vendredi matin, la vigilance de rigueur, accentuée par des rumeurs faisant état de la présence de “quelque chose de suspect” était perceptible en plusieurs endroits de la ville. Des familles en contact, par téléphone, avec leurs proches tentent ici et là de se rassurer mutuellement en demandant si rien d'anormal n'a été signalé à Oran. Sans tomber dans la psychose, c'est là, nous dit-on, un réflexe naturel et humain après le choc de ce mercredi, mais surtout un sentiment largement partagé que ce dramatique 11 avril nous a ramenés brutalement aux pires années noires du terrorisme islamiste frappant aveuglément et avec cruauté. La technique de l'opération kamikaze est peut-être ce qui est le plus redouté pour les Oranais au même titre que tous les Algériens, et chacun en son for intérieur de se demander qu'elle parade peut-on trouver. Des pères et des mères de famille se rassurent et tentent de se protéger en se plongeant dans la foi et ce fatalisme religieux en déclarant “koul ouahed maktoubeh”. Par ailleurs, les Oranais ont du même coup prêté plus d'attention aux affiches de la 2e Région militaire qui ont été placardées en ville, appelant les citoyens à la vigilance et leur demandant de composer un numéro vert (le 1590) dès qu'ils aperçoivent quelque chose de suspect. Sur ces affiches, on peut ainsi lire “la sécurité des citoyens, c'est la sécurité du pays…” suivi de versets coraniques. F. Boumediene