Le document de la Commission européenne reconnaît que l'Algérie, au cours des trois dernières années, “est parvenue à accélérer sa croissance économique, tout en maîtrisant l'inflation”. Mais pour autant “elle n'a que peu progressé sur la voie d'une économie de marché”. “À ce stade, il est prématuré d'anticiper l'adoption d'un plan d'action voisinage avec l'Algérie assorti d'objectifs spécifiques”. La Commission européenne, dans un document relatif au programme indicatif national 2007-2010 pour l'Algérie, confirme ainsi le refus de notre pays de s'inscrire du moins dans l'immédiat dans ce nouveau instrument proposé par l'Union européenne à ses voisins. “Dans le cas de la l'Algérie, la ratification de l'accord d'association a été un exercice difficile pour le pouvoir algérien qui a principalement misé sur l'ancrage politique à l'UE”, estime le document. L'Algérie, relève la commission, “anticipe certains éléments de la politique européenne de voisinage, mais sa priorité actuelle est la mise en œuvre de l'accord d'association”. Le document de la Commission européenne rend compte du rejet de l'Algérie, d'installer sur son territoire des centres de transit, dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine. L'Algérie, souligne la commission, “est disposée à entamer les négociations sur un accord de réadmission, à l'unique condition que la question de visa puisse être abordée”. Le Programme indicatif national (PIN), doté de 220 millions d'euros, expose, en termes opérationnels, la réponse de la commission pour la période 2007-2010 “en mettant en exergue ses objectifs, les résultats attendus et les conditions à respecter dans les domaines de coopération prioritaires”. Les principaux axes du PIN 2007-2010 sont la réforme de la justice ; la croissance économique et l'emploi ; le renforcement des services publics de base. En détail, il s'agit d'un second programme pour la petite et moyenne entreprises, pour améliorer la compétitivité des entreprises pour un montant de 40 millions d'euros, et d'un autre pour la justice, doté d'une enveloppe de 17 millions d'euros. L'objectif est de moderniser le système pénitentiaire, d'introduire les normes internationales régissant la gestion, les conditions de détention et prévention de la récidive en favorisant la réinsertion des détenus dans la vie économique et sociale du pays. Ces deux programmes sont inscrits pour l'année 2007. Pour l'année 2008, le document évoque un programme de 25 millions d'euros pour la diversification de l'économie et un autre qui concerne la santé est doté d'une enveloppe de 30 millions d'euros. En 2009, la Commission européenne a prévu aussi deux programmes, l'emploi (24 millions d'euros), “visant l'amélioration des fonctions d'information, d'intermédiation, de suivi et pilotage du marché de l'emploi à travers la modernisation de l'Agence nationale de l'emploi” et l'enseignement supérieur (30 millions d'euros). L'objectif est de “remédier au problème de l'offre excédentaire de diplômés, inadaptée au marché du travail, et qui risquent ainsi d'avoir de grandes difficultés à trouver un emploi”. Pour la dernière année, 2010, les programmes se focaliseront sur “l'appui de l'administration algérienne et toutes les institutions contribuant à la mise en œuvre de l'accord d'association”, avec un budget de 24 millions d'euros ainsi que sur le secteur de l'eau afin de renforcer le programme du gouvernement en matière d'assainissement et traitement des eaux usées. La Commission européenne précise que “la programmation a été élaborée en étroite coordination avec les autorités algériennes et en cohérence avec les priorités nationales”, ajoutant que ce PIN “fera l'objet d'une revue à mi-parcours prévue en 2008, qui pourra mener à l'introduction de nouveaux programmes et à des réallocations budgétaires à l'intérieur du programme”. Dans son analyse pays, la Commission européenne reconnaît que l'Algérie, au cours des trois dernières années, “est parvenue à accélérer sa croissance économique, tout en maîtrisant l'inflation”. Mais pour autant, “elle n'a que peu progressé sur la voie d'une économie de marché”. Poussée par les prix pétroliers et une politique budgétaire expansionniste, la croissance réelle du PIB s'est établie en moyenne à près de 6%. Toutefois, l'essentiel de cette croissance a été alimenté par les secteurs pétrolier et agricole, et par le dynamisme des secteurs de la construction et des services, largement tributaires des dépenses publiques. Le document relève l'accès difficile des entreprises au crédit, notamment pour les PME. “Les délais sont très lents, les conditions d'octroi et les garanties demandées ainsi que leur gestion financière peu transparente excluent de facto la majorité d'entre elles du marché du crédit”, lit-on dans le document qui souligne la nécessité de réformer le cadre dans lequel évoluent les banques (faible compétition et autonomie limitée, taux d'intérêt et politique salariale alignés). Les défis-clefs pour les prochaines cinq années, relève le document, sont “d'assurer la stabilité sociale et politique et faire accepter le nouvel environnement, de minimiser la forte dépendance de l'économie vis-à-vis des exportations pétrolières et sa forte vulnérabilité à la volatilité des prix pétroliers, de mettre en place un climat des affaires propice au développement des activités productives, et notamment à l'investissement privé (étranger et national) et d'améliorer l'efficacité de la fourniture des services de base”. Meziane rabhi