Les revendications pacifiques des algériens pour une vie digne dans le respect de l'identité ne rencontreront que mépris et répression. L'épopée de Novembre 1954 s'est mise alors en marche. L'université du 8-Mai-45 de Guelma, avec la collaboration du centre national d'études et de recherches dans le mouvement national et la révolution de novembre 1945, organisera demain et après-demain, les 5es assises du colloque international sur les massacres du 8 mai 1945. Un panel d'anciens moudjahidine, de personnalités nationales et d'historiens y prendra part. Nous citerons, entre autres, Abdelhamid Mehri, Sassi Benhamla et les professeurs René Gallissot et Benjamin Stora. Comment placer les massacres du 8 Mai 1945 sur les plans historique, humanitaire et juridique, telle est la problématique posée. En effet, il y a 62 ans, le 8 Mai 1945, la France et l'ensemble du monde libre fêtaient la victoire remportée sur le nazisme. Ce jour-là, la France coloniale s'est livrée à Sétif, Guelma, Kherrata et tout le nord constantinois à un véritable génocide contre les populations algériennes sorties dans la rue pour célébrer la victoire et revendiquer la dignité après avoir offert des milliers de ses enfants comme chair à canon. “Cette France qui a refusé l'agression contre l'Irak, qui a reconnu ses responsabilités envers les juifs livrés aux nazis, fut-ce par un gouvernement illégitime, cette France-là s'honorerait en reconnaissant ses crimes en algérie, sa dette envers le peuple Algérien”, comme l'a plaidé le célèbre avocat, Jacques Vergès, en mai 2005 à Guelma. Malheureusement, chez les politiques français, on a l'impression d'entendre tout sauf ce genre de mea-culpa pourtant nécessaire pour refonder des relations basées sur le respect. Les massacres du 8 Mai 1945, perpétrés par l'armée, la police, les milices et les colons armés par les autorités, durèrent plusieurs semaines. Bilan, 45 000 morts. La plupart des dirigeants nationalistes furent arrêtés et persécutés. Même les plus modérés n'échapperont pas à la haine coloniale. Ferhat Abbas et cheikh El Ibrahimi, qui venaient féliciter Châtaigneau à l'occasion de la victoire, sont appréhendés dans les bureaux mêmes du gouvernement général. Leurs amis, Ahmed Boumendjel, Kaddour Sator et Aziz Kessous sont aussi arrêtés. C'est ce comportement de la France coloniale qui décrédibilisera et signera la mort de toutes les tendances dites modérées. Les revendications pacifiques des algériens pour une vie digne dans le respect de l'identité ne rencontreront que mépris et répression. L'épopée de Novembre 1954 s'est mise alors en marche. B. Nacer