Si les dispositions de protection ne sont pas prises dans les plus brefs délais, les jeunes tailleurs de pierre seront tous exposés à une invalidité complète. “Vingt-trois jeunes tailleurs de pierre souffrant de la maladie de la pierre (silicose) ont été hospitalisés pour des complications, tuberculose et pneumothorax, dans nos services, en un an”, nous apprend le professeur A. Djebbar, chef de service de pneumo-phtisiologie du sanatorium de la ville de Batna. Cette maladie, connue sous le nom scientifique de pneumo ou de silicose “maligne”, comme préfère la nommer le professeur Djebbar, est en train de faire un ravage chez la population de tailleurs de pierre. “Le jeune tailleur de pierre devient complètement invalide en l'espace d'un an, alors qu'en principe, cette maladie s'installe en une période de 20 à 25 ans”, témoigne ce spécialiste. Selon les chiffres disponibles chez notre interlocuteur, plus de 3 000 jeunes tailleurs de pierre s'adonnent à cette activité dans différentes régions des Aurès. “Ces jeunes, si des dispositions de protection ne sont pas prises dans les plus brefs délais, seront tous exposés à une invalidité complète.” La menace est donc sérieuse aux conséquences dramatiques. “Déjà, deux décès de jeunes tailleurs de pierre ont été enregistrés l'année dernière”, nous apprend sa collaboratrice. On ne peut pas taire ce sujet et les responsables de la wilaya devraient, soit interdire cette profession, soit exiger de ceux qui l'exercent le port d'un masque et d'autres moyens de protection. Cette situation dramatique pourrait endeuiller plusieurs familles. Malgré les risques mortels qu'ils encourent au quotidien, ces jeunes tailleurs de pierre, pour subvenir aux besoins de leur quotidien miséreux, continuent à braver cette “maladie monstrueuse” en s'adonnant à cette profession ingrate. Selon le professeur A. Djebbar, les jeunes tailleurs de pierre encourent des dangers, mais ils ne peuvent pas s'arrêter parce que c'est leur seul gagne-pain.“Je connais les dangers auxquels je m'expose, mais je n'ai pas le choix : mourir de faim ou de la silicose”, confie un jeune tailleur de la région d'Arris, hospitalisé, au professeur Djebbar. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme sur cette maladie de la pierre qui est en train de faire des victimes parmi les jeunes de la région, surtout à Arris. Les consciences devraient réagir pour éradiquer cette maladie. B. Boumaïla