Lors de son meeting, le président de l'ANR a qualifié le phénomène de harraga de “honte pour le gouvernement”. “Les harragas t'behdila pour le gouvernement, c'est une honte pour l'Algérie, pour la fierté de l'Algérie. On les ramène en cadavres, alors que le pays a les moyens de les faire vivre en toute dignité. Il faut arrêter cela. C'est un problème qui nous touche beaucoup, surtout ici en Oranie. Il faut arrêter ça. Il ne faut pas laisser ces jeunes se lancer ainsi dans l'aventure. Leur expliquer de rester ici dans leur pays.” Cette réaction à une situation extrêmement dramatique est venue de Rédha Malek, figure historique et président de l'ANR, lors d'une rencontre qui s'est tenue hier à la salle El-Saâda (ex-Colysée) d'Oran, devant un parterre de sympathisants. Avant même son arrivée à la tribune, des groupes de karkabou avaient donné le ton, créant une ambiance de fête au rythme de “Djazaïr hora, démocratia”. Dans la salle, d'autres candidats de la mouvance démocratique et d'anciens amis de Rédha Malek sont venus assister au meeting du président de l'ANR. Le hasard du calendrier a fait que cette rencontre du n°1 de l'ANR coïncidait avec le souvenir du 8 Mai 1945, une évocation que n'omettra pas de souligner Rédha Malek en rendant hommage aux victimes et demandant aux présents d'observer une minute de silence. Le souvenir de ceux qui sont morts pour l'indépendance a permis au leader de l'ANR de faire un rapprochement avec l'Algérie d'aujourd'hui et de construire son discours autour de la jeunesse et de “la nécessité de préparer la nouvelle génération à prendre la relève.” Et de déclarer que dans son parti, “tout est focalisé sur cette orientation”. Usant tour à tour de la langue arabe et du français, Rédha Malek fustigera ceux qui criaient “le visa !” lors de la venue de Chirac en Algérie, mais néanmoins il dira ne pas jeter la pierre à ceux qui sont partis, expliquant que c'est faute d'avoir pu trouver du travail et de pouvoir vivre en toute dignité que les jeunes partaient. Et de lancer : “Il faut faire attention à ces fléaux que sont le chômage, la corruption, le mal… qui vous font perdre tout espoir, jusqu'à notre identité. Il faut créer des emplois, donner du travail aux jeunes. Notre action n'est pas abstraite, il faut faire bouger la société, les jeunes…” D'où également son appel aux citoyens de voter lors de ces législatives du 17 mai : “Nous voulons changer les choses et ces élections n'ont pas de signification si les résultats n'amènent pas des hommes nouveaux, ayant des convictions et qui sont désintéressés, qui ne seront pas à l'APN pour manger. Après 5 ans rien de nouveau n'est sorti de cette APN, il faut aller de l'avant”. La tâche de son parti, selon l'orateur, et de tous ceux qui se porteront sur leur liste regroupant l'ANR, l'UDR et le MDS, sera justement d'“apporter une alternative. Nous avons rédigé un texte, un appel à tous ceux qui veulent la démocratie qui dépasse en fait les partis”. Et de déclarer avec force “à tous ceux qui veulent nous donner des leçons, je dis que nous connaissons l'islam ; l'islam est trop noble pour être exploité par des ignorants. C'est un message à la jeunesse. Le pouvoir doit être égal pour tous, personne ne peut être au-dessus de la loi”, lâchera encore le leader de l'ANR avant de conclure sur la nécessité d'unir les Algériens. “Notre sort est lié à celui du Maghreb, nous unir entre nous puis en tant que Maghrébins pour avoir une position de force face à l'UE.” F. BOUMEDIENE