Le Président devrait choisir une équipe avec une forte dose de technocrates, mais il est également possible que cette équipe soit recomposée autrement. Cette perspective fait écho à la déclaration de Belkhadem disant que l'alliance présidentielle pourra s'élargir. L'entrée dans le gouvernement d'autres partis est donc implicitement souhaitée. À peine les législatives passées, M. Belkhadem s'installe d'ores et déjà dans la perspective à brève échéance. C'est ce qui ressort de l'entretien qu'il a accordé à la chaîne française France 24. Ainsi pour l'avenir immédiat, le FLN reviendra, militera, selon la formule de Belkhadem, pour la révision de la Constitution, la mouture qu'il a présentée au président de la République. Evidemment, cette révision vise en premier lieu, d'après le patron de l'ancien parti unique, à donner l'occasion au Président de briguer un troisième mandat. Un régime présidentiel, plaide-t-il, mais sans un vice-président. Le Chef du gouvernement insistera particulièrement sur ce point précis. Cette précipitation à se placer dans la nouvelle législature en insinuant le débat d'emblée autour de cette question cacherait une volonté de faire oublier “le fiasco” du 17 mai, cette tempête qui a secoué toute la classe politique. Surtout après l'appréciation faite par le ministre de l'Intérieur à l'annonce des résultats du scrutin et du taux de participation perçu comme un désaveu des partis. Quelle sera donc la décision ? M. Zerhouni l'a suggéré dans son commentaire, constat dans lequel il a fustigé ces mêmes partis. Il les a invités à revoir leur mode de fonctionnement et à se mettre au niveau de la société qui a évolué. Le “séisme” du 17 mai a induit une nouvelle donne qui rend les choses encore plus complexes pour une classe politique habituée ces dernières années et à adopter et accepter, ou à attendre ce qui vient d'en haut. Nombre d'entre eux ont été réduits à des instruments d'exécution générant une confusion entre leur fonction dans le gouvernement et leur fonction en tant que partis politiques. Et les résultats du 17 mai ne sont pas étrangers à ce comportement. Cette donne rendra sans doute la tâche plus difficile pour le président de la République amené désormais à tenir compte, inévitablement, du désaveu populaire de la classe politique, mais surtout du trio de l'alliance présidentielle — à un degré moindre le RND qui gagne quelques sièges — qui compose l'équipe gouvernementale chargée de l'exécution de son programme. Malgré quelques avancées, le programme du Président dans plusieurs secteurs connaît un ralentissement inexpliqué. Ce qui va changer, peut-être, les critères de désignation des ministres dans le prochain gouvernement. Outre la certitude que le Président choisira une équipe avec une forte dose de technocrates, il est également possible que cette équipe soit recomposée autrement. Cette perspective trouve indirectement sa raison dans la déclaration de Belkhadem disant que l'alliance présidentielle pourra s'élargir. L'entrée dans le gouvernement d'autres partis est donc implicitement souhaitée. Ce qui équivaut néanmoins à un aveu de faiblesse de l'équipe qu'il avait jusque-là dirigée. Le Chef du gouvernement continuera à insister sur l'introduction du troisième mandat présidentiel tout en s'interdisant toute autre possibilité de succession avant ce mandat. Ce qui nous ramène à la question de la santé du Président. À cette question posée par Ulysse Gosset de F24, Belkhadem balaiera toutes les rumeurs qui ont circulé à propos de l'état de santé du Président. “On dit beaucoup de choses, on dit des choses vraies et d'autres qui ne sont pas vraies”, dit-il en donnant la preuve : “Il se porte bien, vous l'avez vu à l'œuvre, il est même infatigable, il est capable de fatiguer toute l'équipe qui l'accompagne.” Ce qui appuie son soutien à l'option d'un troisième mandat comme principale touche à apporter dans la loi fondamentale. En définitive, tout revient au Président qui prendrait en compte le discrédit de la classe politique dans ses prochaines décisions, y compris la révision de la Constitution. Djilali B.