C'est le chef de l'Etat qui établit la liste de la nouvelle composante et qui nomme les ministres. Une pluie continue d'informations ne cesse d'alimenter les rédactions nationales sur la question relative au nombre et à la composante du prochain gouvernement, sa nature, ses objectifs et enfin sur les probables nouveautés qui seront apportées lors du prochain remaniement ministériel. Au vu de la lenteur constatée dans l'annonce de la composante de la nouvelle équipe -même si elle est donnée comme quasiment reconduite - certaines sources avancent deux arguments de poids pour expliquer le retard pris dans l'annonce du nouveau gouvernement. La première est d'ordre constitutionnel. Selon ces sources, la révision de la Constitution dans son chapitre ayant trait à la nomination et à la composition de l'Exécutif, a complètement chamboulé les traditions utilisées jusque-là. Du moment que le Premier ministre est chargé de coordonner l'équipe gouvernementale, il n'est désormais plus tenu de «proposer» les noms de ministres comme ce fut le cas lorsque la fonction de Chef de gouvernement existait encore. Aujourd'hui, c'est le chef de l'Etat- et ceci est clairement stipulé dans la Constitution amendée- qui établit la liste de la nouvelle composante et qui nomme les ministres. Le Premier ministre devient ainsi un simple exécutant sans prérogative de désignation. La période postrévision de la Constitution a donc réellement commencé dans les faits. Les trois partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) ont été chargés de soumettre des listes de noms de «ministrables» sans influence aucune sur le cours normal des choses. Auparavant, ces trois partis se livraient une lutte sans merci pour «placer le maximum de ministres». La seconde raison qui explique ce retard est liée aux nombreux défis essentiellement économiques qui attendent le prochain Exécutif. Le président Bouteflika pourrait le cas échéant recourir, selon cette source, «aux hommes capables de remettre sur rail une économie nationale qui peine à sortir de l'après-pétrole». «Des technocrates vont ainsi faire leur entrée au prochain gouvernement», croit savoir notre source et qui ajoute que le «poids de l'Alliance présidentielle va considérablement diminuer au profit de personnalités indépendantes». Pour le moment, tous les regards semblent braqués sur cette échéance. Bien que l'actuel Exécutif semble toujours en place, la démission annoncée du Premier ministre n'interviendra pas avant dimanche prochain. Le Président Bouteflika semble privilégier l'option d'un gouvernement de technocrates, à l'inverse de ce qui a été annoncé depuis fort longtemps, c'est-à-dire un gouvernement de coalition formée essentiellement des trois partis de l'Alliance présidentielle auquel il faudrait ajouter ceux désignés par le Président Bouteflika. Cette dernière hypothèse est, indique-t-on encore, de plus en plus dans l'air des décideurs au regard des dernières déclarations du chef de l'Etat, lequel ne s'est pas privé de tancer ouvertement et en public ses ministres, coupables à ses yeux de laxisme et de nonchalance. Elle permettra aussi de renvoyer dos à dos les deux partis qui se disputent le leadership et évitera parallèlement au pouvoir en place de composer avec les prétendants qui commencent déjà à offrir leur service en échange de conditions difficiles à honorer.