L'ancien président démocrate américain, Jimmy Carter, et la Maison-Blanche se sont livrés à un échange d'une virulence verbale rarissime entre les deux administrations, passée et présente. L'administration Bush est “la pire de l'histoire pour les relations internationales des Etats-Unis”, a déclaré Carter, qui s'est recyclé dans l'humanisme et les grandes causes du troisième millénaire. “Des critiques inconsidérées, à côté de la plaque”, a rétorqué un porte-parole de la Maison-Blanche. L'ex-locataire de la Maison-Blanche entre 1977 et 1981, avait asséné son verdict sur l'actuel dans La Gazette démocrate de l'Arkansas, en début de semaine. L'accusation s'est propagée comme un feu follet dans tous les médias américains, lassés par l'emprise et la terreur exercées par Fox news et consorts entièrement à la gloire de Bush et de ses soutiens, les républicains et néo-conservateurs de surcroît. Carter n'est pas allé avec le dos de la cuillère dans sa condamnation. Il a dénoncé aussi la doctrine de la guerre préventive, l'absence d'efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien ou encore la politique environnementale du dernier en date de ses successeurs. Même si le prix Nobel de la paix en 2002 s'est déjà montré critique, de tels commentaires publics sont inédits dans le pays du politiquement correct, du moins entre présidents. En effet, l'usage veut que les anciens présidents s'en tiennent à une certaine réserve et de telles attaques sont très rares. Carter n'en est pas resté là. Dans un entretien avec la BBC britannique, il a également, en début de semaine, traité de “lamentable”, d'“aveugle” et de “servile”, le soutien apporté à Bush par le Premier ministre britannique, Tony Blair, dans la guerre en Irak. Il est vrai que sans le soutien de Londres, peut-être que Washington aurait réfléchi à deux fois avant d'envahir l'Irak. Tony Blair devait, par ailleurs, faire les frais de son alignement aveugle dans sa propre presse, qui l'avait qualifié de “caniche” pour son suivisme. D. B.