Le procès du plus grand scandale financier de l'Algérie, celui de Khalifa Bank s'ouvre aujourd'hui, lundi, au tribunal criminel de Blida en l'absence du principal protagoniste en l'occurrence Rafik Moumen Khalifa, l'ex patron du groupe, en exil à Londres depuis 2003 Les audiences seront donc consacrées au volet principal de l'affaire qui porte sur un "trou" de 3,2 milliards de dinars constaté dans la caisse principale de la banque à la suite d'irrégularités dans la gestion des dépôts et de la non observation des règles prudentielles dans l'octroi des crédits. Un total de 104 accusés sont cités par l'arrêt de renvoi, dont Rafik Khalifa, contre qui les autorités algériennes ont émis un mandat d'arrêt international. Cependant, Rafik Khalifa sera jugé par contumace, la justice britannique n'ayant pas ordonné son extradition malgré la récente signature d'une convention d'extradition avec l'Algérie. Cet état de fait a, d'ailleurs, fait couler beaucoup d'encre. Rappelons à ce propos que la convention relative à l'extradition entre l'Algérie et le Royaume-Uni a été ratifiée et publiée le 13 décembre dernier au Journal officiel. L'éventuelle extradition de Khalifa après la signature de ces accords a suscité un débat houleux en Algérie comme à l'étranger. Néanmoins, aucune procédure d'extradition n'a été entamée entre Alger et Londres, faute d'instruments judiciaires, explique-t-on. Il est donc tout à fait clair, aujourd'hui que Rafik Khalifa ne sera pas présent à Blida pour l'ouverture du procès. Il faut dire, par ailleurs, que la chute du groupe Khalifa, à l'origine du plus grand scandale financier du pays a révélé à partir de 2003 une série de scandales bancaires représentant un préjudice d'environ un milliard d'euros. Car, alertées par la fraude de Khalifa Bank, les autorités avaient renforcé les contrôles sur les banques privées et publiques, dont l'organisation archaïque dans la gestion facilite les malversations. C'est ainsi qu'a été mise au jour une cascade de scandales financiers, dont l'un des protagonistes fut la Banque commerciale et industrielle d'Algérie (Bcia), deuxième banque privée du pays après Khalifa Bank. Toutes les deux avaient été créées dans la précipitation après l'ouverture de l'économie en 1994. La Bcia, mise en liquidation en août 2003 pour "insolvabilité", émettait des traites et des lettres de change qu'elle ne pouvait honorer. Son procès, dans lequel sont impliqués 57 accusés, aura lieu à partir du 27 janvier en courant devant le tribunal criminel d'Oran L'ancien P-DG de l'établissement public la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), Farouk Bouyacoub, reconnu coupable d'octroi de crédits sans garantie, a été condamné, pour sa part, en novembre dernier, à trois ans de prison ferme, en même temps que trois cadres de la banque et le directeur général de la société privée bénéficiaire, Digimex. Le préjudice est estimé à 120 millions d'euros. Depuis 2003, les pouvoirs publics ont retiré l'agrément de plusieurs banques privées dont la solvabilité leur a paru douteuse. Il s'agit notamment d'Union Bank et de l'Algerian International Bank (AIB), deux petites banques d'affaires, installées dans l'euphorie de l'ouverture du marché.