À l'issue d'une enquête menée sur le terrain, il a été constaté que l'état du patient nommé “santé”, notamment au niveau du service de maternité du CHU Ibn-Badis de Constantine, est plus qu'inquiétant. Plus d'une centaine de patientes ont été admises, le week-end dernier, au service de maternité. Le post-opératoire a accueilli à lui seul une cinquantaine de parturientes, alors que sa capacité d'accueil réelle n'est que de 27 lits, selon les affirmations de certains médecins spécialistes. Cela revient à dire que ce service n'arrive plus à contenir l'affluence massive des parturientes venues de plusieurs wilayas de l'Est. “Le service maternité du CHU de Constantine prend en charge plus de 14 000 accouchements par an, dont 3 500 césariennes, soit un taux d'occupation de 2,4 par lit”, nous a déclaré l'un des spécialistes exerçant au sein de ce même service. Et d'expliquer : “La cause principale de cette affluence, de plus en plus significative, est l'absence d'infrastructures dans certaines wilayas de l'Est.” “Vu l'essor démographique de la population de la wilaya de Constantine et des wilayas limitrophes, la maternité du CHU Ibn-Badis ne répond plus aux normes d'une maternité digne de ce nom et les capacités d'accueil ne supportent plus l'afflux des parturientes”, renchérit un autre médecin. Un autre problème a été soulevé par les blouses blanches, concernant le manque flagrant en matière de personnel, notamment au niveau de certaines infrastructures hospitalières des wilayas de l'Est. “D'une part, on manque de médecins spécialistes et, d'autre part, on est obligé d'assurer le service des urgences, où l'on reçoit parfois des patientes souffrant de complications”, a fait remarquer l'équipe de réanimation du service en question. En effet, les ressources humaines existantes, malgré leur compétence, ne peuvent plus assurer le service minimum. Autrement dit, le personnel est surexploité. L'hygiène n'est pas mieux lotie. Les patientes passent la majorité de leur journée dans les couloirs de la maternité, avant de pouvoir prétendre à un lit. Elles sont ainsi exposées à toutes formes de saleté. Pis, une “armée” de mouches et de cafards grouille près de l'entrée de la maternité, où un mari que nous avons rencontré s'est longuement étalé sur les conditions d'hygiène prévalant dans nos établissements hospitaliers. “Comment voulez-vous que dans de telles conditions, un bébé puisse naître sans aucun problème de santé ?” s'interroge-t-il. En effet, réputé pour être un service à haut risque, la maternité a récemment fait l'objet de poursuites judiciaires engagées contre le personnel médical. C'est pour ainsi dire, les premiers symptômes d'un vrai malaise au niveau du secteur de la santé. BETINA SOUHEILA