Le manque criant d'équipement médical contraint les malades à se rabattre sur les cliniques privées dont les soins portent un sérieux coup à leur petit budget. Désolant est le constat fait par le premier responsable de la wilaya de Constantine sur l'état du secteur de la santé dans sa région. Sous perfusion, voire dans un profond coma est le moins que l'on puisse dire sur ce secteur. Le wali de Constantine, M. Abdelmalek Boudiaf, a, en effet, fait une virée ces deux derniers jours à travers les infrastructures sanitaires, dont le CHU Ibn-Badis et l'EHS Boudrâa-Salah. Celui-ci fera comprendre aux concernés qu'il n'est pas venu avec l'idée de procéder à une démonstration ou de mener une enquête, mais de compréhension. D'emblée, il exhortera les directeurs et les médecins chefs à établir une plate-forme de revendications, qui sera remise à qui de droit, à savoir le ministre de la Santé, dont la visite à Constantine est prévue dans les jours à venir. Par ailleurs, il précisera : “Je ne vais pas créer un service sur mesure pour chaque professeur.” Vu l'absence d'infrastructures pluridisciplinaires dans certaines wilayas de l'Est, les urgences médicales du CHU de Constantine n'arrivent plus à contenir l'affluence massive des patients, venus de tout l'est du pays. Certes, les compétences existent, mais le manque flagrant d'équipement, ou alors un équipement obsolète, contraint la population à s'adresser aux privés, au prix de beaucoup de privations. En effet, le CHU est doté d'un scanner, en panne depuis deux ans. Pour le remplacer, il faudrait débourser la somme de douze milliards de centimes. Aussi, il n'existe ni echo-doppler, ni mammographie, encore moins un IRM. Tout ce matériel, fort coûteux, ne peut, selon le directeur, être supporté par le budget de l'hôpital. Vu l'essor démographique de la population de Constantine et ses environs, la maternité ou le service de gynécologie du CHU, selon les dires du professeur Barkat, ne répond plus aux normes d'une maternité, car les capacités d'accueil ne supportent plus l'afflux des parturientes. Il explique : “Nous enregistrons, chaque année, 14 000 accouchements. Les ressources humaines, déjà existantes, ne peuvent même plus assurer le minimum de service, ce qui nous ramène à un personnel surexploité.” Il sera rejoint par le médecin chef du service des nouveaux-nés qui ajoute qu'“avec 8 000 naissances, il y a beaucoup de décès de nourrissons, faute de prise en charge et de matériel”. Sur ce constat alarmant, nous nous sommes dirigés à l'hôpital psychiatrique de Djebel El Ouahch, la maternité de Sidi Mabrouk, l'EHS Boudrâa-Salah, où là encore les insuffisances se rejoignent. À l'hôpital rénal de Daksi, beaucoup de lacunes restent à combler. Là-bas, on fera la connaissance d'éclopés de la vie, contraints, par accident ou maladie, à séjourner dans un établissement hospitalier. En dépit du nombre croissant de personnes dialysées, à savoir entre 140 et 160 patients, le centre de Daksi s'est vu suspendre la subvention de la Cnas. Ajouter à cela les difficultés d'approvisionnement en médicaments auprès de la CPH et, enfin, l'absence d'une radiologie numérisée. Cela nous ramène constamment au chemin de croix des malades pour accéder à des soins gratuits. Mais faute de matériel, ils sont obligés de se rabattre sur les institutions privées, toujours aussi onéreuses. Lynda Nacer