Les quelques habitants de la petite commune de Beni-Bouateb dans la daïra d'El Karimia, à l'extrême sud-est du chef-lieu de la wilaya de Chlef, souffrent le martyre depuis longtemps et à presque tous les niveaux. D'une manière générale, rien ne va plus dans cette localité reculée qui manque de tout, et dont les habitants, qui avaient déjà vécu le calvaire durant la décennie noire, période dans laquelle les terroristes sévissaient atrocement à travers l'ensemble de la région, sont aujourd'hui abandonnés et livrés à eux-mêmes. Ces mêmes habitants, que nous avons rencontrés chez eux, à Beni-Bouateb, ont beaucoup parlé de leur misère, des problèmes qu'ils endurent quotidiennement et aussi de leur avenir qui semble incertain, inquiétant. Selon leurs nombreux témoignages, ce sont surtout leurs élus locaux qui ne sont pas à la hauteur et qui restent à l'origine de leur alarmante situation. “Ils n'ont rien fait afin pour améliorer nos conditions de vie qui demeurent extrêmement dégradées. Ils nous ont totalement ignorés et n'ont jamais été à notre écoute. Pourtant, ils avaient juré, au lendemain de leur élection à la tête de l'APC de Beni-Bouateb, de prendre sérieusement, voire entièrement en charge nos problèmes, qui sont nombreux et délicats. Malheureusement, ils n'ont respecté ni leurs engagements ni leurs promesses. Ils n'ont fait que nous mentir !” martèlent de nombreux habitants de cette localité. Dans cette même localité, les routes sont toutes délabrées, impraticables et, d'après les témoignages des citoyens locaux, elles n'ont jamais fait l'objet de réparation ou de rafistolage depuis leur réalisation il y a plusieurs dizaines d'années. “C'est la raison pour laquelle le transport de voyageurs devant assurer la liaison entre notre localité et les communes avoisinantes n'a jamais existé. Et puisqu'il n'y a pas de transport, il n'y a donc pas de vie ici”, ajoutent d'autres citoyens également rencontrés. Ils révèlent aussi qu'en plus des douars de Chorfa et d'Ouled Maâmar, qui sont déjà déserts pour des raisons sécuritaires depuis de longues années, plusieurs autres sont en train de se vider petit à petit. “Ce n'est pas pour des raisons d'insécurité que des familles entières sont en train de fuir aujourd'hui Beni-Bouateb, mais tout simplement pour échapper à la misère, à la famine, à la pauvreté, aux maladies, au chômage. Bref, à l'ensemble des problèmes socioprofessionnels qui caractérisent la quotidien de toute la population locale. Il n'y a plus de travail ici, et même l'activité agricole ou potagère n'a plus de place dans notre région, car toutes les terres que vous voyez sont arides et improductive”, font savoir encore nos interlocuteurs. Selon d'autres témoignages également, de nombreux magasins d'alimentation générale ont définitivement fermé à Beni-Bouateb. “L'unique raison est que les propriétaires de ces magasins n'ont plus de quoi s'approvisionner étant donné qu'ils vendaient à crédit. Voilà pourquoi personne n'a plus envie de rester ici. Même l'imam, cela fait bien longtemps qu'il est parti. Quant aux quelques habitants qui n'ont pas encore plié bagage contrairement aux autres qui se sont installés principalement à El Karimia, ils n'ont pas les moyens pour faire de même. Et compte tenu de leur situation sociale, ils sont dans la plupart des cas pris en charge, en matière d'aide et d'assistance dans différents domaines, par les éléments de l'ANP se trouvant à Beni-Bouateb, et que nous tenons à remercier infiniment de cette action humanitaire”, expliquent certains des habitants qui demandent, enfin, aux autorités compétentes d'intervenir dans l'immédiat afin de procéder à un assainissement total de la situation dans leur commune. AHMED CHENAOUI