Le bilan des dernières élections législatives a été au centre de la rencontre qui s'est tenue hier à Riadh El-Feth, de la coordination républicaine qui regroupe l'ANR, l'UDR et le MDS, ainsi que des personnalités de la politique, des sciences et de la culture, signataires de l'appel du 25 avril dernier “Pour l'honneur de l'Algérie”. “L'abstention massive a fait des dégâts”, a déclaré le leader de l'ANR, Réda Malek, sans omettre de rappeler, néanmoins, “les fraudes massives” ayant eu cours dans certaines wilayas du pays. Selon lui, l'abstention traduit “une sanction contre la coalition au pouvoir” et s'explique par la situation “critique et de déliquescence” que traverse notre pays, particulièrement par “les scandales en série”, “les situations invraisemblables” et l'absence de “solutions palpables aux problèmes posés”. “On ne peut pas diriger un pays de plus de 30 millions avec des méthodes qui existaient au lendemain de l'indépendance”, a soutenu l'ex-négociateur des accords d'Evian, en plaidant pour l'arrêt des “élections préfabriquées”. De son côté, le président de l'UDR, Amara Benyounès, a préféré “dire des vérités qui peuvent ne pas plaire”, en reconnaissant que les élections du 17 mai ont aussi sanctionné le camp démocratique et républicain. “Nous devons nous sentir interpellés par le taux d'abstention”, a relevé l'intervenant, précisant que l'Algérie vit “une crise importante”, en faisant référence à l'obsolescence de la classe politique actuelle. “Aucun parti ou coalition n'est capable aujourd'hui de contester ces élections ni peser sur les échéances futures”, a-t-il martelé, en ajoutant : “Nous devons surtout agir et nous doter d'un instrument politique pour peser dans l'avenir immédiat et constituer une alternative politique.” Quant à Hocine Ali, secrétaire général du MDS, il a relevé une “nouveauté” dans les résultats officiels des élections et constaté qu'ils sont “proches de la réalité”. Dans son analyse du taux d'abstention et des bulletins vides, ce dernier a estimé que leur ampleur se veut un message aux gouvernants. “La société a dit barakat (ça suffit) et demande du changement. Elle veut un Etat et des institutions au service des citoyens”, a souligné ce responsable, en précisant plus loin que “les résultats des élections sont le reflet de la crise”, voire d'une “nouvelle réalité qui exige une nouvelle approche et de nouvelles solutions”. L'autre point qui a été débattu est celui de la création de la coordination républicaine. Une coordination qui, de l'avis de M. Malek, enregistre déjà de nouveaux adhérents et reste ouverte aux “démocrates, républicains et patriotes qui ont à cœur la modernisation de la nation algérienne et l'avenir de l'Etat républicain algérien”. Le président de l'ANR a été, hier, très critique vis-à-vis des partis de la coalition, les rendant coupables de “l'impasse” dans laquelle se trouve aujourd'hui l'Algérie. Mais, ses attaques ont été dirigées surtout contre le parti FLN qui, dira-t-il, “n'a rien à voir avec le FLN que nous avons connu de l'époque héroïque”. “Il n'y a pas de continuité entre le FLN d'avant et le FLN d'aujourd'hui”, a-t-il poursuivi, déplorant que l'ex-parti unique ne se soit pas transformé en “un parti comme les autres partis” avec l'entrée du multipartisme, qu'il ait profité à des “fonds du FLN” historique et des “moyens de l'Etat”. Pour Réda Malek, la construction d'un pays moderne va de pair avec l'existence d'une “opposition démocratique”. “Toute l'Algérie est concernée par le projet républicain”, a déclaré ce dernier, y compris “les franges les éclairées” qui ont été marginalisées. On retiendra, par ailleurs, de cette rencontre le fait que la coordination républicaine “n'a plus droit à l'erreur cette fois”, comme ont eu à l'exprimer Réda Malek, Hocine Ali et d'autres participants. Et, même si le trio ANR-UDR-MDS retenait le principe d'aller ensemble aux prochaines élections locales, il faudrait “déconnecter” la coordination de la logique électorale, a averti Amara Benyounès. Du moins pour le moment. “À terme, l'objectif de la coordination sera de peser sur les élections”, a précisé le chef de l'UDR. H. Ameyar