Les relations entre l'Algérie et la France ont connu, ces dernières années, des hauts et des bas mais n'ont jamais laissé indifférent. Négatives ou satisfaisantes? Telles sont les interrogations qui caractérisent les relations algéro-françaises. Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, des questions ont été soulevées quant à l'avenir des relations entre Alger et Paris. D'aucuns estiment, cependant, que l'Elysée ferait des relations avec l'Algérie une de ses priorités. L'ambassadeur de France à Alger a annoncé déjà la couleur. La France a décidé d'augmenter le nombre de visas d'entrée en France pour les ressortissants algériens. «Nous allons augmenter les visas de circulation pour toutes les personnes qui participent à la relation franco-algérienne, pas seulement pour les hommes d'affaires, mais aussi et notamment, pour les universitaires et les journalistes», a annoncé, à Alger, Bernard Bajolet, ambassadeur de France. Il a été décidé aussi de réduire les délais de délivrance des visas à moins d'une semaine. Le diplomate a annoncé, également, l'ouverture d'un consulat général à Oran, en septembre prochain. Ce «geste» français est interprété comme un premier pas intéressant de la nouvelle politique de la France envers Alger. Lors de sa visite en novembre à Alger, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait annoncé la suppression de l'autorisation préalable des pays européens de l'espace Schengen pour la délivrance de visas aux ressortissants algériens. Actuellement, ce sont les autorités françaises qui délivrent 80% des visas pour l'espace Schengen. Sur le plan économique, l'ambassadeur a affirmé que la France va proposer un «partenariat ambitieux» de coopération à l'Algérie. «Nous allons proposer une nouvelle convention de coopération et un document cadre de partenariat», a déclaré M.Bajolet. Sur le plan diplomatique, le président Bouteflika est l'un des premiers à avoir fait parvenir à Nicolas Sarkozy un message de félicitations après son élection, auquel Sarkozy s'est empressé de répondre, affirmant: «Comme vous, je suis convaincu que l'approfondissement de la relation d'exception entre l'Algérie et la France doit constituer une priorité commune, car il répond aux attentes de nos deux peuples et pourra, j'en suis sûr, servir de modèle aux rapprochements nécessaires de part et d'autre de la Méditerranée.» Les mêmes observateurs annoncent que le projet de création de l'Union de la Méditerranée, dont l'idée a été lancée par Nicolas Sarkozy, pourrait consolider davantage les relations entre les deux pays. Dans son message au chef de l'Etat, son homologue français a aussi déclaré: «Avec les pays de l'espace méditerranéen, je souhaite, en effet, que nous bâtissions une union pour relever ensemble, et avec succès, les défis qui nous sont communs». L'Algérie n'a pas caché son intérêt pour ce projet, encore qu'il faille attendre d'en savoir un peu plus sur son contour et ses objectifs à moyen et long termes, et aussi des autres partenaires méditerranéens, d'autant plus que l'échec du processus de Barcelone est dans toutes les mémoires. Dans cette perspective de clarification entre l'Algérie et la France, il est possible, sinon probable, que les deux hommes, qui se trouvent en Allemagne dans le cadre du Sommet du G8 -qui se tient à Heiligendamm du 6 au 8 juin- aient un entretien en tête-à-tête pour mieux s'évaluer et tâter le terrain. Cette éventuelle rencontre permettra aux deux chefs d'Etat de faire un tour d'horizon des dossiers chauds concernant les deux pays. Par ailleurs, à l'Elysée, on évoque une visite de Sarkozy en Algérie au mois de juillet prochain. Cet intérêt du nouveau président vis-à-vis de l'Algérie demande cependant, à être concrétisé sur le terrain et suivi d'effet dans les secteurs de la coopération économique, commerciale et culturelle, notamment par la clôture du douloureux chapitre de la colonisation par un nécessaire travail de mémoire.