Le ministre français de l'Intérieur devra annoncer la suppression de consultations relatives à la délivrance de visas. «Je suis convaincu que si Nicolas Sarkozy est élu président de la République, le traité d'amitié sera signé sur une base beaucoup plus saine. Je pense que sa prochaine visite à Alger va déjà changer la nature des relations bilatérales». Ces propos émanent de Abderrahmane Dahmane, secrétaire national chargé des relations avec les associations d'émigrés à l'UMP, dont le président n'est autre que Nicolas Sarkozy. Ce qui laisse croire que la perspective d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France reste évidemment ouverte même si la négociation de ce texte fondamental prendra encore du temps. Sur ce point, la teneur des derniers messages échangés par les deux chefs d'Etat, Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac est des plus explicite. Un traité d'amitié essentiellement motivé par des urgences économiques, tant Paris se préoccupe des percées enregistrées, au cours des deux dernières années, par les Etats-Unis, la Russie et, à un degré moindre, la Chine. Longtemps exhibé mais retardé à chaque échéance en raison des divergences politiques persistantes entre Alger et Paris, induites par la loi du 23 février 2005, le traité d'amitié sur lequel se fondent les espoirs de voir les relations algéro-françaises prendre un nouvel essor, a été, sinon enterré, du moins remis à des heures plus propices. Un traité d'amitié, basé sur une relation saine, suppose également, une libre circulation des personnes. Sur ce point, Alger attend beaucoup. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy surfera lors de sa visite sur trois points névralgiques devant «liés» Alger et Paris, les visas, le traité d'amitié et la condamnation du colonialisme. Aussi pour dégeler un tant soit peu les relations, Nicolas Sarkozy devra annoncer la suppression de consultations relatives à la délivrance de visas, applicables seulement pour les Algériens. Instaurée dans les années 1990, la procédure de consultation était destinée à contrôler les mouvements des islamistes algériens en Europe. Cependant, depuis quelques années, la situation a évolué positivement en Algérie et la mesure, vécue dans ce contexte par les Algériens comme une discrimination à leur égard, n' a plus raison d'être. Un problème que suit personnellement le chef de l'Etat qui n'a pas manqué de le soulever à chaque fois qu'il reçoit un émissaire français, laissant par là même entendre que le traité d'amitié ne sera pas signé tant que ce problème n'est pas réglé. Dans le cas où l'annonce sera faite par Nicolas Sarkozy, les Algériens seront traités, enfin, de la même façon que leurs voisins marocains et tunisiens. De ce fait, quand un Algérien déposera sa demande de visa auprès du consulat d'un pays européen, il obtiendra une réponse -positive ou négative- au bout de seulement quelques jours. Alors qu'elle est actuellement de plusieurs semaines. Cette mesure est l'aboutissement de plusieurs mois de travail entrepris par le ministre français des Affaires étrangères, Philipe Douste-Blazy, ministre UMP, auprès de ses homologues européens. Auparavant, l'idée d'allègement des procédures d'octroi de visas a été soulevé par François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste français, lors de sa visite à Alger sur invitation du FLN. François Hollande avait promis d'intervenir vigoureusement auprès de ses partenaires européens de l'espace Schengen pour que «les contraintes spécifiques appliquées aux Algériens, dans le cadre de la lutte antiterroriste, soient aujourd'hui abrogées au regard de l'évolution positive de la situation sécuritaire», a-t-il insisté relevant qu'«il n' y a aucune raison d'exiger plus des Algériens que de leurs voisins marocains ou tunisiens.» Sur un autre plan, l'allègement des procédures d'octroi de visas jugulera le flux de l'immigration clandestine et par ricochet le trafic d'armes notamment dans la région du Sahel. L'annonce de la mesure d'allègement des procédures d'octroi de visas, prononcée à la veille d'une élection majeure en France, devra permettre à Nicolas Sarkozy de monter en estime chez les Algériens aussi bien d'Alger que de Paris. Aussi, il importe de savoir dans quel registre inscrire ces propos d'autant que l'Algérie demeure le passage obligé pour les politiques français en période pré-électorale. François Hollande, Michèle Alliot-Marie, Philippe Douste-Blazy et Nicolas Sarkozy se devaient de faire le pèlerinage à Alger. Il ne manque plus que Ségolène Royal pour compléter la liste. La visite à Alger de Nicolas Sarkozy, tout comme ses prédécesseurs, trouve sa justification par l'importance du poids électoral de la communauté algérienne établie dans l'Hexagone. Le réservoir de voix que constitue la communauté algérienne n'est pas négligeable. La libre circulation des personnes, l'immigration et son insertion dans le tissu économique français, la position sur la lecture faite actuellement en France par rapport à la colonisation en général et par rapport à la colonisation de l'Algérie en particulier. Cela étant, au-delà du fait de replacer cette surenchère dans le contexte d'une présidentielle précoce, Nicolas Sarkozy n'ignore point les enjeux de la mémoire, ce qui n'est pas sans signification. Aussi, son prochain séjour à Alger intervient à un moment où les relations algéro-françaises ne cessent de connaître des perturbations que seule la politique de bon voisinage saura tempérer.