Les détritus seront incinérés à l'air libre, dégageant des fumées épaisses d'une grande toxicité, facteur aggravant de la pollution. À l'heure des grandes mutations planétaires, de la mondialisation et du développement durable, la culture de la protection de l'environnement en Algérie a à peine prononcé ses vœux de noviciat. À l'instar des autres wilayas du pays, la wilaya de Djelfa n'est pas en reste sur cette logique, sa politique environnementale n'en est qu'à ses balbutiements. Les villes souffrent d'un déficit flagrant en matière d'aménagement et d'espaces verts — au fait, qu'en est-il du fameux jardin botanique ? —, ses zones rurales, en proie au climat aride et au relief accidenté, donnent à voir des paysages apocalyptiques. Sa situation géographique aidant, cette partie des Hauts-Plateaux, chaude en été et froide en hiver, balayée à longueur d'année par les vents, est menacée par le désert qui réduit chaque jour son capital naturel qui s'étend sur des milliers d'hectares de terres steppiques. Seule satisfaction, le barrage vert, une bande forestière héritée du temps du président Boumediène, elle aussi souvent victime de la folie des hommes qui la pillent sans vergogne, réduisant la biodiversité et accentuant le déséquilibre climatique régional. Le surpâturage n'est lui aussi pas étranger à ce phénomène puisque il participe, pour une grande part, à une surexploitation des parcours de pacage, à détruire les écosystèmes. En l'absence d'un plan de développement qualitatif des métropoles régionales, les villes ont aussi leur part dans ce désastre écologique. En sillonnant les artères, un spectacle de désordre et d'odeurs putrides agresse les sens. Certains commerçants, toutes catégories confondues, violent les règles les plus élémentaires d'hygiène en laissant leurs déchets à même les trottoirs, créant une atmosphère de putrescence rebutante. Pour ajouter à ce tableau haut en désolation, les décharges publiques à ciel ouvert, attenantes aux habitations, qui foisonnent dans les petites villes, et où paissent, matin et soir, des troupeaux de chèvres et de brebis, sont sources de parasites en tous genres mettant en danger la santé des citoyens et celle du cheptel. La wilaya de Djelfa ne disposant pas encore d'un centre d'enfouissement technique des ordures ménagères (CET), ces détritus seront incinérés à l'air libre, provoquant des fumées épaisses d'une grande toxicité, facteur aggravant de la pollution. La région souffre également d'un déficit en réseaux d'évacuation des eaux usées, obligeant le recours aux fosses d'aisance dont le contact avec les eaux d'irrigation des plantations cause souvent de grands désagréments à la santé des citoyens et à la qualité des cultures. Ces conditions précaires d'hygiène favorisent l'apparition de plusieurs maladies telles la leishmaniose, la typhoïde et les maladies respiratoires comme l'asthme. En définitive, l'amélioration du cadre de vie des populations passe inéluctablement par une politique réelle de l'environnement qui prenne en compte les spécificités régionales et les changements climatiques actuels, objet de débats serrés dans le concert des nations. S. OUAHMED