Cinq semaines après l'élection de Sarkozy à la présidence de la République, les 44,5 millions d'électeurs français sont de nouveau appelés aux urnes, aujourd'hui, pour désigner, pour 5 ans, leurs 577 députés. Pour ce premier tour, pas moins de 7 639 candidats présentés par quelque 80 partis et formations politiques se présentent aux suffrages des Français. Malgré sa multiplicité, le scrutin ne devrait pas révéler de grandes surprises, tant le parti du nouveau président, l'UMP, part archi-favori, dans la foulée de sa victoire à la présidentielle. La question n'est pas tant de savoir quelle sera la majorité qui sortira des urnes, mais l'ampleur de celle-ci. Tous les sondages prédisent une vague bleue et même un tsunami, qui pourrait porter entre 400 et 450 députés UMP dans une Assemblée qui serait une des plus à droite de la Ve République. Les adversaires de Sarkozy de gauche et du centre semblent eux-mêmes s'être résignés à cette perspective. Le PS comme le MoDem de Bayrou ont d'ailleurs axé l'essentiel de leur campagne sur les risques que constituerait, à leurs yeux, une concentration de tous les pouvoirs entre les mains de Sarkozy, tandis que l'UMP soulignait au contraire la nécessité d'une majorité large pour mettre en œuvre rapidement le programme de rupture qu'il a promis. Le PS englué dans sa crise interne escompte au mieux une centaine de sièges tandis que les sondages pour Bayrou, pas plus de 5 sièges. Quant au PC, sans le soutien des socialistes, il devra se résoudre à deux députés ! Enfin, les nouveaux députés n'auront que quelques jours pour se mettre au travail. Dès début juillet et jusqu'au 10 août, ils devront se prononcer lors d'une session extraordinaire du Parlement sur une série de mesures emblématiques du nouvel occupant de l'Elysée. Parmi ces premières urgences, les mesures fiscales et financières sur les droits de succession, l'exonération des intérêts d'emprunt, la détaxation des heures supplémentaires, déjà annoncées par le gouvernement Fillon. Devrait suivre une série de textes sur la sécurité et l'immigration, comme les peines planchées, la suppression de l'excuse de minorité pour les multirécidivistes, la réforme du regroupement familial, sans oublier l'autonomie des universités. La seule nouveauté dans ces élections est que la défaite annoncée du PS va aggraver les divisions qui ont ressurgi en son sein après la défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle et relancer le débat sur ses orientations et sa direction. La malheureuse rivale de Sarkozy s'est d'ores et déjà inscrite dans cette logique : prendre la tête du PS pour 2012. D. Bouatta