Après un taux de participation à plus de 85% au premier tour, le 22 avril, les quelque 44,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes demain, pour choisir entre « la France du mérite et de l'effort » du candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy et « la France créative, imaginative » de la socialiste Ségolène Royal, la première femme à avoir une chance d'accéder à l'Elysée. Paris. De notre bureau Les deux candidats ont, pendant des mois, battu campagne, parcourant la France, multipliant les meetings, les plateaux de télévision, les déclarations. La campagne électorale qui devait s'achever hier à minuit, n'a jamais autant intéressé les Français, depuis plusieurs années. Aussi bien le candidat de l'UMP — arrivé en tête avec cinq points d'avance le 22 avril et favori de ce second tour — que la candidate socialiste se sont efforcés, jusqu'au dernier moment, de convaincre les derniers indécis. Lequel des deux remportera le plus de voix des 6,8 millions d'électeurs de François Bayrou (UDF), et des 3,8 millions d'électeurs de Le Pen ? Le face-à-face télévisé Ségolène Royal-Nicolas Sarkozy de mercredi soir a montré ce qu'a été la campagne. Une campagne franco-française, les questions internationales ayant tenu peu de place, une campagne marquée par deux visions différentes de la France, deux programmes, deux styles, deux projets de société opposés. Dans cette élection, la personnalité des candidats compte autant que leurs programmes. Nicolas Sarkozy (52 ans), Ségolène Royal (53 ans) ont, au cours du débat de 2 heures 40 minutes de mercredi soir — suivi par 20,1 millions de téléspectateurs cumulés sur TFI et France-2, selon l'institut Médiamétrie — confronté leurs projets respectifs. Un débat rugueux, sans concession, qui a commencé par des échanges tendus, puis Ségolène Royal se montrant offensive, Nicolas Sarkozy se retenant et se contrôlant. Ségolène Royal a affirmé « avoir participé très fortement à la rénovation de la vie politique » et a répété qu'elle « travaillerait avec le centre » en cas de victoire. « Aujourd'hui au-dessus des partis et en liaison directe avec le pays », Ségolène Royal a réaffirmé sa volonté de « dépasser les clivages politiques ». Elle a revendiqué jeudi une capacité de révolte face aux injustices et à l'immoralité politique au lendemain de son face-à-face avec Nicolas Sarkozy. « Je crois que l'on n'est jamais trop offensif lorsqu'il s'agit de défendre des convictions, des valeurs », a déclaré la candidate socialiste sur France Inter. « Je veux que le peuple français redevienne un peuple d'entrepreneurs », lance la candidate PS, annonçant qu'elle veut « débureaucratiser l'Etat ». « Moi, je serai la présidente de ce qui marche », Sarkozy reprend : « Eh bien moi, je veux être le président qui fera marcher ce qui ne marche pas. » Elle a promis de « construire une France paisible où l'on pourra réformer sans brutaliser, où jamais je ne dresserai les Français les uns contre les autres, les fonctionnaires contre les autres, ceux qui ont des heures supplémentaires contre ceux qui n'en ont pas, ceux qui ont des parachutes dorés et ceux qui sont licenciés ». François Bayrou a déclaré au journal Le Monde, jeudi, qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy dimanche, sans préciser s'il voterait blanc ou pour Ségolène Royal. Il considère que Nicolas Sarkozy « risque d'aggraver les déchirures du tissu social ». M. Bayrou, pour asseoir son projet de création d'une troisième force politique autonome, l'Alliance démocrate, annoncée pour la semaine prochaine, a tout intérêt à ce que ses électeurs ne choisissent pas massivement l'un ou l'autre des deux protagonistes. Ségolène Royal (25,87 % au 1er tour) a besoin, pour remporter le second tour, demain, d'un très fort report de voix en sa faveur de la gauche non socialiste, et de l'électorat bayrouiste. Environ 20% des électeurs de Jean-Marie Le Pen voteront pour Ségolène Royal, car c'est un électorat « qui est issu de la gauche et qui naturellement a tendance à repartir à son camp d'origine », a dit la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen.