Enjeu n Les candidats ont entamé hier leur sprint final pour convaincre, une semaine avant le premier tour d'une élection ou le camp de Sarkozy semble promis à une victoire écrasante. Un mois après la présidentielle, 44,5 millions d'électeurs sont invités à retourner aux urnes les 10 et 17 juin pour élire parmi plus de 7 600 candidats les 577 députés qui siégeront cinq ans dans la prochaine Assemblée. Une pléthore de meetings était prévue dans la dernière ligne droite. En position de force, Nicolas Sarkozy – élu avec plus de 53% des voix le 6 mai et président le plus populaire depuis de Gaulle, selon les sondages –, et son parti UMP battent la campagne pour obtenir le plus de députés possible. Objectif : avoir «les moyens» d'appliquer l'ambitieux programme de «rupture» promis par Nicolas Sarkozy. Celui-ci, descendu dans l'arène pour soutenir les siens au Havre (nord-ouest), veut aussi une victoire écrasante «pour terrasser toute forme d'opposition politique, gauche et centre confondus» et «envisager» déjà un second mandat présidentiel, commentait hier Le Journal du Dimanche. Le gouvernement de François Fillon, dont 11 membres sur 15 sont candidats à la députation, Fillon compris, a notamment annoncé pour l'été des réformes en matière de finance (détaxation des heures supplémentaires, exonération de droits de succession, déduction des intérêts d'emprunt, interdiction des «parachutes dorés»...), de justice (abaissement de la majorité pénale à 16 ans, peines plancher pour les récidivistes), voire d'éducation (autonomie des universités) et d'immigration. De leur côté, les dirigeants du Parti socialiste (PS), en pleine crise de leadership et de projet, s'efforcent de mobiliser leur public en appelant à un sursaut à gauche pour constituer «une opposition forte» et ne pas laisser «tous les leviers de commande» à un seul parti. Ségolène Royal, finaliste malheureuse de la présidentielle, a appelé hier les électeurs de gauche à «voter massivement». «Il faut que le groupe parlementaire socialiste soit le plus nombreux possible», car «la République a besoin d'équilibre», a-t-elle martelé à Sedan, dans son fief des Deux-Sèvres (ouest), ou elle venait soutenir la socialiste qui espère lui succéder. Déjà présidente de région, Mme Royal ne se représente pas, au nom de son idéal de non-cumul des mandats. Que Mme Royal, atout majeur du PS, batte le rappel çà et là peut aider les socialistes mais globalement, la situation s'annonce mal pour le parti. Alors que l'UMP est créditée de 420 à 460 sièges sur les 555 alloués aux députés de France métropolitaine (contre 359 aujourd'hui), selon un sondage Ifop paru hier, le PS n'en aurait que 80 à 120, contre 149 aujourd'hui. 12,5% des voix sont requis pour accéder au second tour, qui devrait prendre dans l'écrasante majorité des circonscriptions la forme d'un duel plutôt que d'une triangulaire, jeu des alliances oblige. Outre le PS, toute l'opposition devrait faire les frais de la «vague bleue» (couleur de l'UMP) et du «rouleau compresseur» UMP.